La capacité de la Banque d'Algérie (BA) à lutter contre les poussées récurrentes de l'inflation des prix reste limitée, a reconnu hier le premier responsable de cette institution, Mohamed Laksaci, lors de la présentation de la note de conjoncture monétaire et financière de l'exercice 2012. Selon le gouverneur de la BA, repris par l'APS, le phénomène de l'inflation, qui a atteint un pic de 8,9% en 2012, contre 4,5% seulement en 2011, est en fait davantage tributaire de l'organisation des marchés internes que de facteurs monétaires. Ce pourquoi, la Banque centrale n'aurait pas la capacité d'y faire face, selon ses explications. En janvier 2012, souligne la Banque d'Algérie, l'indice des prix à la consommation a marqué une hausse de 2,3%, soit 5 fois et demie la hausse mensuelle moyenne du même indice en 2011. Or, cette tendance a été accompagnée d'une «décélération des rythmes d'expansion monétaire», d'autant que la masse monétaire M2 avait progressé en 2012 au rythme «le moins élevé des sept dernières années», a soutenu Mohamed Laksaci. Pour lui, la forte inflation de 2012 n'a donc pas été d'origine monétaire mais bien la conséquence «d'une formation des prix opaque et abusive nourrie par la hausse des salaires dans un marché marqué par les positions dominantes et un recours abusif au cash dans les transactions». Cela étant, la Banque d'Algérie, qui table sur un taux d'inflation «cible» de 4 à 5% à moyen terme, a bien tenté de contribuer à contenir les poussées inflationnistes en usant d'instruments monétaires, soit à travers l'accroissement des reprises de liquidités. Dans cette même logique, un nouvel instrument monétaire, portant la durée maximale de reprise des liquidités à six mois, au lieu de trois auparavant, avec un taux d'intérêt plus incitateur pour les banques, a été également adopté par la BA depuis janvier 2013, a indiqué le gouverneur. Evoquant par ailleurs les principales tendances monétaires et financières de l'exercice écoulé, le même responsable a notamment mis en évidence la «faible diversification de l'économie nationale», alors que la facture d'importations ne cesse d'enfler et les exportations hors hydrocarbures demeurent très marginales. En 2012, le montant des importations de biens a ainsi grimpé de 7,5%, atteignant un montant de 48,27 milliards dollars, tandis que les exportations hors hydrocarbures ont stagné à un maigre niveau de 1,2 milliard de dollars. Durant le même exercice, les exportations d'hydrocarbures ont marqué, elles aussi, une tendance baissière, en régressant à 70,59 milliards de dollars en 2012, soit un recul de 12% par rapport à l'exercice précédent. Au demeurant, le rapport de la BA fait ressortir notamment une confortation des réserves de change de l'Algérie, «une très bonne soutenabilité de la dette extérieur», mais aussi un recul des entrées nettes d'IDE. Les réserves de change, or non compris, note ainsi la BA, se sont établies à 190,66 milliards de dollars à fin 2012, la dette extérieure à court terme s'est stabilisée à 1 milliard de dollars, tandis que les investissements directs étrangers ont reculé à 1,7 milliard, contre 3 milliards en 2011.