Sensibiliser sur le don d'organes, notamment le rein, et informer sur toutes les dispositions réglementaires, religieuses et médicales, permettent ce geste», est l'un des thèmes débattus hier à l'INSP lors des portes ouvertes organisées par l'association don d'organes, Biloba, présidée par le Dr Kraïba Radhia, responsable du service cytologie au centre Pierre et Marie Curie (CPMC) du CHU Mustapha Pacha. L'objectif de l'association, a tenu à souligner son vice-président, Zeboudj Abderrezak, étudiant en post-graduation en biologie à l'USTHB, est d'informer la population sur le don d'organes et encourager cet acte qui peut sauver des vies. «Il faut donner toutes les informations relatives à cet acte afin d'évacuer tous les préjugés, créer le débat autour du sujet au sein de la famille et de la société, surtout que la greffe d'organes est devenue aujourd'hui une pratique médicale bien maîtrisée chez nous en Algérie», a-t-il déclaré avant de souligner qu'il est aussi important de sensibiliser les gens et encourager les prélèvements sur les morts encéphaliques. Il s'agit d'un débat de société, a-t-il ajouté. Les résultats préliminaires d'un sondage qui a concerné seulement la capitale a révélé, selon lui, une prise de conscience au sein de la population algéroise. Sur un échantillon de 300 personnes interrogées pour établir un état des lieux sur les connaissances sur le don, 85% sont favorables au don et seulement 53% ont donné leur accord pour être inscrits sur une éventuelle liste de donneurs. Le sondage a également montré que 83% savent qu'on peut donner un organe de son vivant et 73% sont informés que la législation et la religion permettent le don d'organes. «Cette première mini-enquête menée depuis la création de l'association ‘‘Biloba'' il y a une année, nous a permis d'avoir une idée sur le sujet au niveau de l'Algérois. Nous envisageons d'élargir le champ d'action dans les différentes régions du pays pour sensibiliser de plus en plus au don d'organes», a-t-il indiqué. Et de souligner que «l'association compte multiplier ses actions à travers des portes ouvertes, le passage dans des émissions radio et dans la presse. Un travail qui nécessite aussi beaucoup de soutien et de moyens de communication, car il faut dire que la pratique du don d'organes n'est pas ancrée dans notre société. Ils sont près de 16 000 insuffisants rénaux en hémodialyse et en attente d'une greffe. Outre les appréhensions vis-à-vis de ce geste et le manque d'informations, la législation algérienne est un des obstacles pour le développement du don d'organes», ont souligné les participants à cette journée portes ouvertes. Selon le Pr Zerhouni, chef de service réanimation au CNMS à Alger, «il est important d'élever l'inhibition de l'appréhension du donneur et faire un travail de sensibilisation des familles avant d'arriver à la mort encéphalique». Les spécialistes ont également noté qu'il est important de faire le grand pas vers le prélèvement sur les morts encéphaliques et tenter d'abandonner petit à petit le donneur vivant qui, selon le Pr Chachoua, ophtalmologue et chef de service à l'hôpital Parnet, «est une spécificité au Maghreb. L'idéal, aujourd'hui, est de ne pas prélever sur les donneurs vivants», a-t-elle indiqué. Il faut rappeler que cela fait plus d'une dizaine d'années que l'on parle d'encourager des prélèvements à partir de donneurs en mort encéphalique. Un moyen de booster l'activité de la greffe rénale qui est en ce moment en deçà des attentes des spécialistes, en l'occurrence les néphrologues et les chirurgiens. Il est clair qu'aucun service d'urgence des hôpitaux n'est actuellement en mesure d'assurer une telle activité, lorsqu'on sait que les moyens les plus élémentaires pour préserver des organes sont inexistants. La création de l'Agence nationale de biomédecine et la réalisation d'un institut du rein, deux acquis considérables pour l'amélioration de la prise en charge des malades, seraient salutaires ; mais il demeure que des dizaines d'insuffisants rénaux meurent sans avoir goûté un jour au plaisir d'être détachés de la «machine».