La nécessité de créer une Agence nationale de greffe d'organes a été soulignée. La prévention s'avère très insuffisante chez les sujets vulnérables dont 14.000 sont actuellement sous traitement de dialyse rénale dans tout le pays. C'est ce qui ressort à travers les différentes interventions dispensées jeudi par des spécialistes lors de la commémoration officielle de la «6e Journée mondiale du rein» organisée par la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (Sandt). Les recommandations et conseils ont, pour l'ensemble, gravité autour du maître-mot «la prévention» contre les maladies rénales chroniques (MRC). Evoquant ce point majeur dans son intervention, le docteur Saïdani du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Béni Messous a cité, notamment le diabète et l'hypertension artérielle (HTA) qui forment un lit propice aux insuffisances rénales. Il a prévenu que l'obésité était un facteur «négatif sur le rein, comme le sont également l'âge du sujet, la sédentarité, le manque d'activité physique... La prévention, a-t-il dit, peut retarder l'échéance de l'insuffisance rénale chronique terminale». De son côté, le Pr Radhia Kraïba, responsable du service cytologie au Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) du CHU Mustapha-Pacha, a estimé que la création d'une agence nationale de greffe d'organes peut contribuer au développement et à la régulation du don d'organes en Algérie. «Le rôle de l'agence nationale de greffe d'organes peut, dans le cas du rein, jouer un rôle très important dans le développement et la régulation du don», a indiqué le Pr Kraïba.Cette agence aura pour mission, en plus du développement et de la régulation du don d'organes, d'autoriser, d'organiser et de contrôler le don et sa transplantation. Elle doit également assurer la sécurité sanitaire et la qualité du greffon, ainsi que l'attribution et la répartition des organes à greffer. Regrettant qu'il n'existe pas de culture en matière de don d'organes, la conférencière a préconisé la mise en place, au sein de cette agence, d'une structure de la communication. Son rôle serait de faire du don d'organes «une cause populaire impliquant la société civile dans ses vecteurs de citoyenneté et de solidarité pour abattre un tabou persistant», a-t-elle souligné, ajoutant que «la mosquée pourrait jouer un rôle efficient en la matière». Rappelant que 14.000 dialysés attendent d'être greffés, le Pr Kraïba a mis l'accent sur la nécessité de développer la transplantation rénale à partir du donneur vivant apparenté, ainsi que du donneur cadavérique de mort encéphalique, reconnaissant toutefois que la seconde option n'est pas facile à réaliser. Le président de l'Association algérienne de néphrologie, le Pr Farid Haddoum, a par ailleurs également appelé, jeudi lors d'une autre rencontre à Alger, les autorités publiques à investir dans la prévention contre l'insuffisance rénale en lieu et place des importantes sommes consacrées au traitement. Afin d'atténuer la souffrance des insuffisants rénaux, le Pr Haddoum, également chef de service de néphrologie au CHU Nefissa Hammoud (ex-Parnet), a préconisé «d'encourager la greffe d'organes qui se heurte toujours, selon lui, à plusieurs obstacles». L'hémodialyse demeure une solution de «dernier recours» après l'inefficacité des autres types de traitement, ce qui constitue, selon le Pr Haddoum, un échec pour les spécialistes. Qualifiant de «pénible» le déplacement des insuffisants rénaux, deux fois par semaine pour effectuer les séances d'hémodialyse, il a plaidé pour l'organisation de campagnes de sensibilisation des citoyens au don d'organe. La Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) débourse quelque cinq milliards/DA/an pour la prise en charge des insuffisants rénaux qui suivent des traitements au niveau de plus de 120 cliniques privées. Les établissements hospitaliers publics assurent, pour leur part, la prise en charge de ces malades, au titre du «montant forfait hospitalier» accordé par la Cnas.