La Société algérienne de transplantation d'organes (Sato) a organisé hier au niveau de la bibliothèque d'El Hamma son 3e congrès national avec la participation d'experts internationaux dont les professeurs, K. Boudjema de Rennes, S. N. Si Ahmed de Lyon et G. Mourad de Montpellier. Des professeurs de renom sont intervenus sur différents thèmes relatifs à la transplantation d'organes : «Greffe d'organes en Algérie et réflexion autour de la loi», «Prélèvement d'organes à partir de donneurs cadavériques», «Rejet aigu en transplantation rénale». S'agissant de la question éthique et morale autour de la greffe d'organe, le professeur El Mahdi Si Ahmed, chef de service de chirurgie et de transplantation rénale de Blida, précise : «La religion est tout à fait pour la greffe d'organes et considère ça comme une ‘Sadaka Jaria', autrement dit, œuvre de bienfaisance perpétuelle.»Ainsi, des fatouas comme celles de Cheikh Hamani, en 1985 à l'occasion d'un congrès international des sciences islamiques qui avait pour thème la transplantation d'organes, autorisent cet acte médical. En effet, le décret de loi sur la santé de 1985 auquel ont été apportées des précisions en 1990 légalise officiellement la transplantation d'organes. Selon le professeur Si Ahmed, «le problème qui se pose actuellement est celui de l'instauration du don d'organes dans la culture du citoyen». L'information et la sensibilisation de tout un chacun via les médias, l'éducation et les écoles religieuses reste le meilleur moyen de vulgariser le traitement du patient par la transplantation, selon le Pr Ahsene Atik du CHU de Annaba. Pour ce faire, la Sato, présidé par le professeur Chaouch et la Société de néphrologie et de greffe rénale dirigée par le professeur Rayan, envisage après autorisation du ministère de l'Education et de la Santé, un cours de sensibilisation sur le don d'organes dans les établissements scolaires. Il est aussi prévu par ces deux sociétés la réalisation d'un spot télévisuel à l'instar de celui qui a été fait pour le don de sang par des spécialistes de la communication. Par ailleurs et pour généraliser la greffe d'organes au niveau national, deux établissements de santé publique ont été ouverts à l'initiative du président de la République, à savoir l'Institut national du rein et des greffes d'organes et l'Agence nationale de biomédecine dont les locaux sont fins prêts à Blida. Il faut souligner que la transplantation d'organes constitue une solution médicale sans égal à un problème majeur de santé publique, puisqu'actuellement, l'Algérie compte 14 000 insuffisants rénaux, 500 insuffisants hépatiques, plus de 1000 demandes de greffe de cornée, 250 attentes pour une greffe pulmonaire… Ces chiffres sont représentatifs d'une demande importante et de plus en plus pressante de transplantation, et à ce titre, le Pr Si Ahmed interpelle les autorités nationales et l'opinion publique sur l'importance d'un tel acte médical. «L'Algérie est condamnée à se développer car aucun pays ne peut lui fournir des organes, puisque quasiment le monde entier a des listes d'attente de greffes nationales.» Mise en place d'une agence de biomédecine En attendant que l'Agence nationale de biomédecine établisse les registres d'acceptation et de refus des dons d'organes ainsi que la mise en place de la «carte de don d'organes», les néphrologues ainsi que les médecins spécialisés dans la transplantation d'organes invitent les citoyens à soulever la problématique à l'échelle nationale et exprimer leur position vis-à-vis du don d'organes. A l'heure actuelle, les médecins demandent toujours l'avis de la famille du défunt avant de pratiquer un quelconque prélèvement. Pour sa part, le Pr Rayan compte organiser d'autres séminaires sur les transplantations rénales et hépatiques à partir d'un décès par arrêt cardiaque en faisant intervenir des médecins belges et cela pour pallier la pénurie d'organes. Rappelons qu'actuellement plus de 1000 greffes ont été réalisées en Algérie à partir d'un donneur vivant et 8 greffes à partir d'un mort encéphalique. Concernant les rejets et les intolérances au greffons, le Pr Ahmed Seba, du CHU de Tizi Ouzou, déclare : «Les résultats sont améliorés chaque années par l'utilisation de nouveaux traitements antirejet (immunosuppresseurs) et l'amélioration dans le domaine du dépistage précoce.» Enfin, il est important de souligner que la greffe est une méthode thérapeutique recommandable de par le monde, elle présente un taux minime d'échec (5%) et un pourcentage de réussite dépassant les 90%.