La grande marche à laquelle a appelé la Coordination nationale de défense des chômeurs du Sud (CNDDC), pour le jeudi 14 mars à Ouargla, appelée également «El massira el millioniya» ou la marche du million, aura-t-elle finalement lieu ? Ouargla. De notre envoyé spécial
De plus en plus de voix au sein de cette coordination des chômeurs réclament, en effet, l'annulation pure et simple de la marche craignant des provocations pouvant entraîner des dérapages incontrôlables. C'est ce que nous avons constaté, hier, au sein des animateurs du mouvement. Tout au long de cette journée, des tractations et des discussions ont eu lieu entre ceux qui militent en faveur du maintien de la marche et ceux qui plaident pour son annulation pure et simple. Une chose est certaine, une très grande pression politique et médiatique semble peser sur les épaules des uns et des autres. Le but, justement de cette pression, est de les amener à reculer. Par ailleurs, en faisant du départ du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, la principale revendication de la marche, les animateurs de la CNDDC ont sensiblement politisé un mouvement initialement porté par des revendications socioéconomiques. C'est cette intrusion dans un champ politique algérien quadrillé de toutes parts et cadenassé qui s'avère leur valoir aujourd'hui de se retrouver sous le feu nourri des snipers du pouvoir. En effet, la montée au front des très nombreux relais médiatiques gouvernementaux ou proches du pouvoir dans le but de diaboliser cette initiative semble porter ses fruits. Depuis quelques jours, les animateurs du mouvement des chômeurs du Sud sont accusés d'être des séparatistes, d'être à la solde d'intérêts étrangers et de vouloir déstabiliser le sud du pays, voire toute l'Algérie. Parallèlement à ces entreprises de diabolisation, des tentatives de dialogue sont menées avec des notables de la région et des promesses fermes de mesures concrètes sont lancées, voire annoncées. Tout est fait pour absorber la colère des jeunes du Sud et désamorcer la crise. Cette pression tous azimuts, qui est montée crescendo, fait que les animateurs les plus fragiles psychologiquement ont commencé à montrer des signes de fléchissement. D'autres appellent tous les marcheurs à se munir de l'emblème national pour casser cette image de «séparatistes» qu'on cherche à leur coller à tout prix. Pour rappel, cette marche du 14 mars se veut, selon ses initiateurs, une marche pour la dignité, la consolidation de l'unité nationale, le travail, le logement, le développement local, même si, au premier plan, c'est le départ du Premier ministre qui est revendiqué pour avoir, selon les uns et les autres, proféré des propos blessants envers les chômeurs du Sud qualifiés de «cherdima» (groupe de malfaiteurs). Malgré de très nombreux appels, nous n'avons toujours pas pu avoir des précisions quant à leur décision finale de la part des animateurs les plus en vue du mouvement, comme ils nous l'avaient promis. Jusqu'à 19h, ils étaient toujours en réunion.