En attendant des jours meilleurs... Les «indignés» de Ouargla considèrent ces mesures comme un subterfuge puisqu'ils les ont déjà vues en 2011. Ils réitèrent également le fait que leur mouvement pacifiste n'a aucune intonation politique et encore moins séparatiste. Malgré le plan «Marshall» annoncé par le gouvernement, les chômeurs du Sud maintiennent leur appel à la marche. «Comme prévu nous allons marcher jeudi (demain, Ndlr)», atteste, avec détermination, Tahar Belabès, coordinateur du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (Cnddc), joint hier par téléphone. «Jeudi, je peux vous affirmer que ce sera jour de marche à Ouargla», ajoute-t-il. «Notre base militante, qui est d'environ 15 000 individus, est déjà à pied d'oeuvre. Il faut ajouter les militants et chômeurs venus des autres wilayas ainsi que la population locale qui nous a fait part de son soutien», fait-il savoir. «Jeunes, vieux, enfants, femmes, hommes...Tout Ouargla se mobilisera ce jeudi pour réclamer ses droits sociaux les plus élémentaires ainsi que la considération de la part des autorités», soutient-il. Les mesures d'urgence prises lundi par le gouvernement n'ont donc pas calmé les «indignés de Ouargla». Les raisons? «Nous estimons que c'est une énième manoeuvre du gouvernement pour empêcher notre marche et la discréditer en disant qu'ils ont réglé nos problèmes. Or, ce n'est que de la poudre aux yeux. Ces mesures ne régleront pas le malaise qui règne dans la région», atteste Tahar Belabès qui soutient que ce plan «Marshall» était pour eux du déjà-vu. «En 2011, le précédent gouvernement avait pris pareilles mesures qu'il nous avait fait passer comme la solution à tous nos problèmes. Mais voilà que deux ans après la mise en place de ces mesures, on est toujours à la case départ...», constate-t-il amèrement. «Alors, les mesures d'urgence on en a déjà données. On ne va pas se faire avoir une deuxième fois. Nous allons marcher jeudi et continuer notre révolte jusqu'à ce qu'on voit quelque chose de concret de la part du gouvernement», rétorque Tahar Belabès. Que veut-il dire par concret? «Nous demandons tout d'abord plus de considération du gouvernement et ensuite qu'il ouvre un dialogue interactif avec nous. Nous ne voulons pas d'intermédiaires. Mais nous voulons parler aux vrais décideurs pour qu'ils comprennent nos vrais problèmes», répond-il en précisant que leur mouvement n'était pas du tout politique. «Je le dis et je le répète, nous sommes un mouvement pacifiste apolitique qui ne demande que ses droits sociaux les plus élémentaires.» Tahar Belabès réfute toutes les accusations proférées contre son mouvement. «On a dit que nous avions des buts politiques. On a même voulu nous coller des étiquettes de séparatistes ou de terroristes. Mais nous ne sommes rien de cela, nous ne sommes que des Algériens opprimés qui réclament leurs droits», certifie-t-il, non sans dénoncer «la contre-campagne que certains médias sont en train de mener contre nous». «Les Ouargalis connaissent très bien les valeurs que nous défendons et ils nous soutiennent pour cela. Jeudi prochain, nous serons tous ensemble dans les rues pour exprimer pacifiquement notre ras-le-bol.» Pour ce qui est du groupe qui a annoncé l'annulation de la marche, Tahar Belabès affirme qu'il n'a rien à voir avec leur mouvement. «Ils ne font pas partie de notre mouvement, ils n'ont rien à voir avec l'organisation de la marche de jeudi», souligne-t-il en réaffirmant qu'ils étaient les seuls habilités à parler au nom du mouvement des chômeurs du Sud. La tempête du Sud est donc en train de souffler. Rien n'y fait, la réponse du gouvernement n'a pas fait changer d'avis ces «jeunes» de Ouargla. Le fossé est vraiment large entre cette population du Sud et son gouvernement... 20 000 étrangers travaillent dans les hydrocarbures Alors que les jeunes de Ouargla, la capitale des hydrocarbures en Algérie, se sont révoltés à cause du chômage, plus de 20 000 travailleurs étrangers activent dans le domaine des hydrocarbures en Algérie. La plupart de cette main-d'oeuvre vient d'Europe et d'Asie. Ce constat a été fait par une commission de travail au Premier ministère, qui a étudié l'emploi dans les régions du Sud. Cette commission a mis en avant les carences de recrutement des jeunes du Sud par les sociétés étrangères qui ne respectent pas le quota des 30% qu'impose la loi.