Pourtant, tout le monde s'accordait à dire que Skikda accusait dix années de retard par rapport à d'autres wilayas de son envergure. Au moment où plusieurs nouveaux walis tiraient à boulets rouges sur les anciens occupants des cabinets, le wali de Skikda, lui, se refusait à tout commentaire. Cette politique adoptée depuis plus de deux années a été finalement rompue hier lors de la session de l'APW. Les motivations ayant amené le wali à adopter la stratégie de l'offensive pour revenir sur l'état de Skikda tel qu'il l'avait trouvé sont apparemment multiples, à commencer par la dernière sortie du président de l'APW. Lors d'une conférence de presse tenue la veille de la session, M. Bourourou, président de l'APW avait laissé suggérer qu'entre « l'administration et l'assemblée persistait un manque de coordination ». Une première dans les anales de l'assemblée. Il a également abordé, suite à une question posée par la presse, l'affaire dite des 10 logements que la wilaya voulait acquérir dans le cadre du budget primitif, mais que les élus avaient refusé. Cette affaire a constitué un grand point de litige et le wali avait retenu le recours à l'arbitrage du ministère de l'Intérieur. Sur ce point, le P/APW a eu des mots clairs en répondant : « nous avons été informés en retard que la proposition de la wilaya pour l'acquisition des 10 logements avait été maintenue par les instances centrales. L'aval accordé par le ministère est fondé par les explications données par l'administration qui laisse signifier que l'opération est une simple régularisation et non une acquisition. » « Chose que le P/APW semble refuser, car comme il l'expliquera par la suite, ce n'est pas une régularisation, car ces logements ne font pas partie du patrimoine de la wilaya. Si régularisation il y a, elle serait plutôt en relation avec le payement du loyer » Allant encore plus loin dans ses explications, il fera remarquer que « le programme mentionne dix logements seulement, alors que l'immeuble comporte douze » en refusant d'apporter un commentaire au sujet des deux appartements occupés. Cette affaire a-t-elle été interprétée comme étant une sortie politicienne des élus d'El Islah qui gèrent en majoritaires l'APW poussant ainsi le wali à réagir vite pour éviter tout conflit ? Peut-être, car même si le wali se contentera dans son allocution de respecter l'ordre du jour en évitant tout commentaire, il se permettra par ailleurs des approches plus significatives. Voire plus offensives. Question de rappeler aux uns et aux autres la situation jugée « catastrophique » de leur wilaya. « A notre venue dans cette wilaya, a-t-il déclaré, nous avons été obligés d'abord de réagir à deux grandes catastrophes ; les inondations et la tempête de neige. Deux épreuves qui nous ont permis de relever le manque de moyens d'intervention dont nous disposons et aussi l'indisponibilité de ceux-là mêmes qui sont censés gérer les affaires de la wilaya » Sur le même ton, le wali s'est même permis de poser la question : « Comment était la situation exacte des projets et quelle était la situation des responsables ? Tous les programmes connaissaient des défaillances et les secteurs manquaient de moyens et aussi de cadres ». Il pointera un doigt accusateur vers le sujet de la gestion des projets : « Les relations entre les gestionnaires des projets, les bureaux d'études et les entrepreneurs se faisant beaucoup plus pour des considérations personnelles à la place des textes juridiques et des lois. La relation avec les citoyens était ponctuée du refus d'écoute. » Le wali citera par la suite plusieurs secteurs et jugera qu'après une année de travail « la situation est plus maîtrisée, grâce au suivi rigoureux. Nous pouvons dire que les résultats positifs existent aujourd'hui même si nous estimons que nous ne sommes pas encore parvenus à la finalité de nos objectifs », a-t-il mentionné. Il fera ensuite un tour d'horizon sur l'ensemble des secteurs. Pour lui, le rouleau-compresseur du développement de la wilaya qui mérite un avenir plus radieux est déjà à sa vitesse de croisière et ceux qui claironnent un certain « redressement ou une refonte finiront par échouer ». Ce message pèse lourd dans la conjoncture actuelle que traverse l'assemblée de Skikda. Qui sont ses destinataires ? Sans conclusion, il appartient à chacun de faire sa lecture. Aujourd'hui, l'assemblée se réunira de nouveau pour présenter deux grands dossiers : l'environnement et le foncier. Assistera-t-on à un divorce entre l'assemblée et l'administration ? Osons espérer que non, pour l'intérêt d'une wilaya qui a grandement besoin de stabilité et de l'apport de tous pour la porter aux cimes du développement loin de tous les calculs. Fussent-ils politiciens.