Abdelhamid Ben Badis (1889-1940) par lui même, tel est l'ouvrage récemment édité par les éditions Mimouni et dont l'auteur, Ahmida Abdelkader Mimouni, est fondateur des éditions algériennes Ennahda, qui fait partie de ceux, trop tôt disparus et des oubliés de la patrie. C'est donc un hommage et bien plus un devoir de mémoire auquel s'est attaché Ahmida, en mettant à la disposition des lecteurs ne maîtrisant pas l'arabe un certain nombre de textes de Ben Badis, susceptibles de les aider à connaître cet homme exceptionnel, autrement que par les commentaires, favorables ou défavorables, faits par des auteurs autorisés ou supposés l'être. Dans ce livre de 132 pages, qui pèche seulement par une absence d'illustration, l'auteur nous gratifie d'une dense biographie du célèbre penseur qui s'est appuyé pour livrer ses messages sur des revues et des journaux qu'il a lui même créés, à savoir Al Muntaqid (Le critique), Ach shihab (le flambeau), Ach Charia (la loi), la Sunna Muhammadia (la tradition mohammadienne) et Al Cirat (la voie) qui ont résisté, plus ou moins, longtemps aux pressions, souvent odieuses, de l'administration coloniale, avant de disparaître. Ahmida, dont le travail mérite d'être souligné, nous offre un florilège de textes choisis écrits par Ben Badis qui évoquent la nécessité de rester en contact avec les gens civilisés pour évoluer dans la civilisation. Il y est aussi fait mention du cri pathétique du cheikh lorsqu'il s'est agi de l'union entre Malékites et Ibadites, ou encore du devoir sacré de se ranger du côté de la Palestine ensanglantée. D'autres textes tout aussi intéressants figurent en bonne place dans ce recueil, qui sera certainement bien accueilli par les lecteurs d'expression française. Ben Badis et les Berbères dans l'histoire de Mouloud Gaïd. Cette réédition de Mouloud Gaïd de 176 pages et dont le titre est évocateur parle des Ibadites dont les origines remontent à Abou Nidal Mirdaset Abdalah Ben Ibad, dont la confrérie prit l'appellation. L'auteur se réfère à Tabari, notamment en ce qui concerne la mort du khalife Ali, le kharidysme dans la berbérie centrale et l'imamat ibadite, les tribus kharidjites et leurs actions. Dans sa deuxième partie, le livre se penche sur les dynasties qui se sont succédé en Afrique du Nord. L'auteur conclut que l'école ibadite fit toujours preuve de modération et adopta une théorie amendée qui correspondait aux réalités politiques et sociales du milieu où l'imam exerçait ses fonctions. Les idées véhiculées par cette confrérie, notamment à Oman et au Maghreb, se sont maintenues vaille que vaille, au moment où d'autres flambeaux khandjtes se sont complètement éteints…