La rentrée sociale s'annonce sous de bons auspices pour l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). La centrale syndicale devrait trouver dans les travaux de la prochaine bipartite, prévus la fin du mois prochain, l'opportunité de régler de vieux contentieux sociaux et de redorer son blason auprès de ses adhérents. Le bouclage du nouveau projet de statut de la Fonction publique par les experts de la commission mixte UGTA-gouvernement peut être déjà synonyme, pour la centrale syndicale, de grande victoire tant le traitement de ce dossier traîne depuis plus de vingt ans. A terme, l'application de ce nouveau projet permettra de rendre justice à plus d'un million et demi de fonctionnaires en attente d'une réhabilitation de leur statut, encore régi par des lois datant de l'ère socialiste et du parti unique. A signaler qu'au plan de la rémunération, par exemple, les fonctionnaires algériens se classent actuellement parmi les moins bien payés du bassin méditerranéen et de l'Afrique. En prévision de la tenue des travaux de la prochaine bipartite, l'UGTA a engagé avec le gouvernement des négociations préliminaires concernant de nombreux autres dossiers sensibles. Ces discussions, souvent laborieuses et serrées, ont focalisé, entre autres, sur la problématique lancinante des travailleurs vacataires. Et bien que souvent menacées de rupture, ces négociations ont finalement débouché sur des résultats concluants. La centrale syndicale vient en effet d'arracher du gouvernement le principe de permaniser les travailleurs vacataires. L'accord trouvé par les deux parties n'est toutefois pas total dans la mesure où le nombre de travailleurs devant bénéficier de cette mesure ne fait pas encore l'unanimité. Le gouvernement s'est montré disposé à garantir des postes budgétaires à 227 000 travailleurs, alors que la demande de l'UGTA porte sur 300 000 postes. Si les accords de principe déjà trouvés avec le gouvernement sur les dossiers de la Fonction publique et de la permanisation des travailleurs offrent un excellent motif au secrétariat de l'UGTA pour penser à mettre le champagne au frais en prévision de la fin des travaux de la prochaine bipartite, il reste que Sidi-Saïd et son équipe ne se sont pas contentés de limiter leurs demandes à ces deux points. Profitant du maintien à la tête du gouvernement d'un « vieux compagnon de route », le secrétariat national de l'UGTA a revendiqué aussi l'amendement de l'article 87 bis de la loi portant relation de travail et SNMG. Cet article a rendu presque sans effet l'augmentation du SNMG décidée lors de la dernière tripartite. La chance semble être du côté de l'UGTA, car Ahmed Ouyahia a aussi accepté d'en discuter. Cela tout comme il a consenti à réexaminer, dans le sens des intérêts des travailleurs, les dossiers des retraites et de la Sécurité sociale. La générosité manifestée par le chef du gouvernement à l'égard du monde du travail a pour effet, dans l'immédiat, de relativiser les lectures annonçant une rentrée sociale difficile. Le gouvernement, qui fait de la stabilité et du développement ses principaux credo, semble, à ce propos, prêt à consentir des sacrifices financiers pour assurer durablement la paix sociale. Un élément indispensable à la poursuite des réformes économiques. A première vue, le pari de la stabilité d'Ahmed Ouyahia n'est pas impossible d'autant que, contrairement aux années 1990, les caisses de l'Etat sont pleines. La conjonction des intérêts de l'Etat avec ceux des travailleurs peut être considérée, par ailleurs, comme du pain béni pour l'UGTA et Sidi-Saïd. La prise en charge par l'Exécutif des dossiers évoqués les conforte tous les deux dans leur position.