Le gouvernement d'Ahmed Ouyahia semble “afficher une flexibilité pour aplanir les points de divergences avec la Centrale syndicale”. C'est aujourd'hui que les responsables des commissions mixtes UGTA-gouvernement tiennent une réunion ultime en vue de définir l'ordre du jour de la bipartite prévue en septembre. Installées au lendemain des contacts préliminaires entre Abdelmadjid Sidi Saïd et Ahmed Ouyahia en juin dernier, les commissions devaient peaufiner un texte consensuel des points à discuter entre les deux parties et “tenter d'aplanir le maximum de points ayant constitué jusqu'au jour d'aujourd'hui des divergences de forme et de fond”, nous dit-on. Selon des sources proches de la Centrale syndicale, le Chef du gouvernement a récemment confié à ses collaborateurs qu'il est réellement disposé “à afficher une flexibilité pour aplanir les points de divergences avec la Centrale syndicale”. Et d'ajouter : “Le gouvernement est disposé à prendre en charge les préoccupations des travailleurs, et la prochaine bipartite mettra fin à beaucoup de divergences ayant subsisté entre le gouvernement et leur représentation.” Côté UGTA, on indique que “les commissions mixtes ont travaillé d'arrache-pied depuis leur installation. Des contacts ont, entre-temps, eu lieu avec le Chef du gouvernement sur les nouvelles donnes économiques du pays. Ce que cherche, aujourd'hui, l'UGTA est clair. On fera de sorte à régler tout le contentieux avec le gouvernement pour pouvoir réussir la prochaine tripartite prévue en octobre”. Concernant les divergences avérées avec Ahmed Ouyahia, on estime que “de tout temps, il existe des divergences entre l'employeur et l'employé, entre le gouvernement et un syndicat représentatif… Ce qu'il faut savoir en revanche, c'est comment satisfaire les revendications des milliers de travailleurs non payés, sous-payés, licenciés, non réintégrés, et arracher des statuts tels que conçus par un syndicat. C'est pour cela que nous avons de tout temps préconisé le dialogue et la concertation”. Autrement dit, les deux partenaires auront, aujourd'hui, à définir les axes majeurs à expédier lors de la prochaine rencontre. À commencer par la nécessité d'abroger l'article 87 bis de la loi 90-11 relatif aux relations de travail et qui pénalise des dizaines de milliers de travailleurs concernant l'augmentation du Snmg. “Nous avons eu énormément de difficultés à trouver un palliatif. Quelque part, les travailleurs sont victimes du vide juridique. On ne décide pas d'un texte sans réformer les aléas. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas admettre que les primes des travailleurs soient inclues dans le calcul du Snmg. Sur ce point, nous sommes optimistes que le gouvernement pourrait réviser sa position et nous ne partirons pas les mains vides”, nous explique-t-on. Un autre point qui allait creuser le fossé entre l'UGTA et le gouvernement, celui de la permanisation de près de 300 000 travailleurs contractuels et autres vacataires, et le règlement définitif du statut des retraités. Sur un autre plan, la Centrale syndicale aurait placé la barre très haut concernant le nombre de travailleurs à réintégrer. Selon nos interlocuteurs, la commission chargée du dossier aurait proposé de régler tous les cas, soit 5 000 travailleurs ayant bénéficié de décisions de justice en leur faveur. Dans le même esprit, l'UGTA compte aussi arracher la décision de régler les employés impayés depuis des mois, voire depuis des années pour certaines catégories touchées par les récents dépôts de bilan et autres liquidations de leurs entreprises. Les prochaines négociations promettent des surprises, notamment concernant le projet de révision du statut de la Fonction publique. “Nous n'avons pas de divergences de fond sur ce dossier. Il y a quelque part une volonté politique d'aller de l'avant pour aplanir ces divergences. Cela dit, nous avons aussi des dossiers en suspens à régler avec le gouvernement disposé à dialoguer”, nous confie-t-on. Il s'agit notamment de revaloriser les travailleurs de certains secteurs en ébullition depuis quelques jours. En somme, le gouvernement compte assurer les équilibres pour éviter une rentrée sociale explosive. Et l'UGTA, et c'est de bonne guerre, compte arracher le maximum d'un gouvernement donné pour partant. Entretemps, les travailleurs retiennent leur souffle… F. B.