Entre les médecins et le chef de service de pédiatrie et de puériculture de l'hôpital du Mansourah, le courant ne passe plus. Un conflit qui dure depuis des semaines et qui risque de mener vers une perturbation des activités médicales dans un service aussi important, surtout que les médecins dont des maîtres assistants et des résidents, ont décidé de mener une grève cyclique de trois jours chaque semaine, avec la possibilité de durcir le mouvement jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Selon un communiqué de ces derniers dont El Watan détient une copie, de graves dépassements et atteinte à l'intégrité du personnel et à l'organisation ont été relevés contre le médecin-chef du service de pédiatrie. «Nous avons noté ces derniers mois un manque de respect flagrant de la part du médecin-chef à notre égard ; une attitude qui se manifeste par des actes d'humiliation, le traitement inéquitable notamment dans la répartition des gardes, la suspension de consultations spécialisées en néphrologie et en hématologie pédiatrique, ainsi qu'une instabilité des médecins, ce qui a eu de lourdes conséquences sur la qualité des services», ont-ils affirmé. Les protestataires soulèvent également la mauvaise gestion et la dilapidation des biens publics par la non-exploitation de certains équipements sophistiqués et très onéreux acquis depuis des années, tels un EEG, une fibroscopie digestive et le Ph-Mètre. «Ce qui oblige le malade à réaliser ces testes médicaux en ambulatoire à coût de milliers de dinars», ont-ils dit. Ces médecins dénoncent l'abus d'autorité observé par ce médecin-chef qui est également le président d'une association scientifique Ibn Enafis, à laquelle il oblige les médecins à adhérer en payant des cotisations afin de régler les factures et les dépenses des activités de ladite association. Par ces revendications l'ensemble des médecines demande aux responsables locaux de la santé publique d'intervenir dans les meilleurs délais, tout en insistant sur la suspension du médecin-chef en question. Ils prévoient une grève cyclique de trois jours à partir du 17 du mois en cours suivis par d'autres en cas de non-régularisation de cette situation. Contacté pour avoir sa version des faits au sujet de cette situation, le Pr. Hnif Allas, médecin-chef du service de pédiatrie et de puériculture de l'hôpital du Mansourah, a nié en bloc toutes ces accusations. «Je suis à la tête de ce service depuis des années et je ne fais qu'appliquer le code et les instructions de la tutelle; cela n'a pas été accepté par ces médecins qui refusent complètement le dialogue», a-t-il déclaré. Selon lui, les médecins ont déclenché cet acte de protestation suite à la mise en application de l'instruction ministérielle n°2 du 10 avril 2012, portant renforcement des actions de santé au niveau des établissements publics. «Des mesures énergiques de redressement qui doivent être immédiatement prises par les responsables pour l'amélioration de l'accueil, l'hygiène et l'humanisation de nos services médicaux ; ces médecins sont irresponsables, ils ignorent complètement le but de cette noble mission qui est la leur», poursuit-il. Il relèvera, par ailleurs, que le service comprend 10 assistants en pédiatrie, 48 résidents, 5 maîtres-assistants et 2 professeurs pour seulement 36 lits. «Plusieurs fois nous avons eu un manque dans la prise en charge des malades, et parfois je me retrouve seul dans le service en raison des absences répétées des médecins et du non-respect du programme des gardes, et même pour les consultations de jour», a-t-il indiqué. Concernant les équipements non exploités il dira : «Suite aux expertise des spécialistes, il s'est avéré que ces appareils ne sont pas conformes aux normes exigées.» Notre interlocuteur a assuré qu'il n'a jamais obligé quelqu'un à adhérer à l'association Ibn Enafis malgré le fait que toutes les activités de cette dernière ont pour but le développement de la recherche scientifique dans cette spécialité. Il ne manquera pas d'affirmer que cette situation qui dure au service depuis plus de 18 mois, le «fatigue personnellement» tout en ayant des répercussions sur les malades. «Ce sont des médecins qui manquent à leur devoir, j'ai du mal à les gérer ; c'est moi qui demande leur départ pour qu'ils laissent la place à d'autres qui veulent bien aider les enfants de bon cœur», a-t-il conclu.