«Je ne terminerai pas cette lettre de réponse sans préciser les tensions psychologiques que je subis au quotidien, compte tenu des conditions de travail décrites plus haut, du manque de matériel et médicaments d'urgence et surtout du manque d'assiduité observé par la quasi-totalité du corps médical, m'obligeant à plusieurs reprises de rédiger des déclarations d'absence ou d'abandon de poste aux rapports de garde, aux consultations et astreintes de l'après-midi et particulièrement aux séances d'enseignements. Sans plus tarder, je vous prie, Monsieur le Directeur, de bien vouloir diligenter, dans les meilleurs délais, une commission d'enquête chargée d'inspecter le service qui m'est confié et vérifier sur le terrain la véracité de tous mes propos.» Il s'agit, là, de la conclusion d'un long et très détaillé rapport adressé par le Pr. Allas H. médecin-chef du service de Pédiatrie et de puériculture de Mansourah, structure relevant de l'EHS «Mères et enfants» de Sidi-Mabrouk à Constantine au directeur de wilaya de la santé et ampliation à l'ensemble de la hiérarchie dont le ministre de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique. En fait, le Pr. Allas est réputé pour son investissement au profit des malades mais aussi son intransigeance sur le professionnalisme et l'engagement toujours au profit du malade de tout acteur du service. Ces qualités, au demeurant normales parce que relevant d'obligations professionnelles réglementaires et réglementées, sont toutefois autrement perçues par ses collaborateurs comme il le souligne au début dudit rapport : «Je vous signale, tout de suite, Monsieur le Directeur, que le service est, depuis plus de 18 mois sous tension en raison des lenteurs enregistrées dans la réception des unités placées en aval du pavillon de la consultation (Unité des urgences et Hôpital de jour) et surtout saturé en assistants de pédiatrie et en résidents. L'effectif comprend aujourd'hui 10 Assistants de pédiatrie, 48 Résidents, 5 Maîtres assistants et 2 professeurs pour seulement 36 lits en attendant la réception des nouvelles unités.» «Vous comprenez, Monsieur le Directeur, mon grand embarras et l'encombre engendrée par ce surplus inattendu en assistantes dont l'objectif est celui de convoiter une place reposante et délassante les dispensant de toute contrainte… Ces attitudes négatives expliquent le refus des assistantes récemment affectés à accepter l'affectation en consultation de jour, en dépit de mon insistance. Ainsi, bien malgré moi, j'ai dû accepter dans un premier temps, le principe d'un planning mensuel de consultation pour la couverture du tri et des pré-hospitalisations.» La grogne dans le rang du personnel médical évoqué a commencé à partir de l'instant où le Pr. Allas a tenté de mettre en application l'instruction du ministère n°2 du 10 avril 2012 (réceptionnée en juin. NDLR) laquelle fait obligation aux structures sectorielles de renforcer les actions de santé au niveau des établissements de santé publique. A la question qui consisterait à s'interroger sur le retard mis pour l'application d'une instruction qui date de près de 8 mois, nous saurons que pour des considérations pratiques il aurait été malvenu de mettre en pratique des mesures à la veille de la saison estivale. Autrement dit un trimestre qui, habituellement, dérègle le fonctionnement normal de tous les milieux professionnels. Pourtant, bien avant l'émission de la note de service, le médecin-chef en avait soumis l'avant-projet au personnel concerné pour «lecture et une réflexion approfondie les amenant à émettre, les réserves qu'ils jugeront nécessaires», souligne-t-il dans le rapport adressé aux autorités. Poursuivant son analyse des insuffisances dont pâtit le service et par extension les malades, des enfants est-il besoin de le rappeler, le Pr. évoque le programme du président de la République, considérant tant le programme du président de la République, le rédacteur du rapport affirme avoir consulté le staff technique et «…transmis la liste des besoins en matériel spécifique, choisi par les utilisateurs potentiels au directeur. Il s'agit d'un fibroscope, d'un EEG et d'un PH-mètre», précisant sa pensée sur la nature du matériel réceptionné par le constat suivant : «Le sort de ce matériel coûteux est le suivant : - Le fibroscope digestif a été jugé inadapté à l'enfant et sans vidéoscope. - L'électro encéphalogramme m'a obligé, il y a 3 ans à détacher à temps partiel une assistante au service de neurologie puis au Laboratoire de physiologie mais en pure perte, malgré le détachement d'un infirmier au service de psychiatrie, disposant du même appareil. - Le PH mètre œsophagien a nécessité un stage d'apprentissage à Oran pour une autre assistante, mais l'appareil en question n'a servi qu'une seule fois avant sa détérioration par une troisième assistante par négligence. Après vérification on a constaté que le liquide d'équilibrage des sondes est périmé et non disponible. Le directeur a été informé sur la détérioration de la sonde principale ainsi que sur la nécessité de trouver le produit manquant. Etrangement, un appareil servant au suivi des enfants asthmatiques a été illégalement acquis auprès des services économiques, à mon insu, puis curieusement dissimulé pendant plus de 4 ans par la maîtresse assistante chargée de la consultation spécialisée des enfants asthmatiques. Informé de cette irrégularité, il y a moins d'un mois, j'ai immédiatement décidé la restitution de l'appareil aux magasins de la clinique, en demandant des explications aux contrevenants mais sans réponse à ce jour.» Poursuivant son diagnostic de la situation, le médecin-chef fera un constat implacable des consultations dites spécialisées : «La Consultation spécialisée d'Uro-Néphrologie est dépourvue depuis fort longtemps de ses deux principaux supports diagnostique et thérapeutique : épuration extra rénale (Dialyse péritonéale au minimum) et la ponction biopsie rénale. Devant le refus catégorique de l'intéressée, nous restons encore dépendants du service de Néphrologie de l'Hôpital Nafissa-Hamoud pour la PBR, du service de réanimation du CHU pour la DP et de la clinique rénale pour l'hémodialyse. A cet effet, j'ai formulé au Conseil médical et au ministère de la Santé mon désir de voir naître un espace dans les locaux du 3e étage du pavillon pédiatrique. Le PV de la réunion du 7 mai 2012 à l'initiative de Messieurs le Dsprh de Constantine et le Doyen de la Faculté de médecine fait foi. La consultation de cardiologie ne dispose d'aucun appareil, même pas un ECG portable. C'est une consultation qui, pour l'instant, suit et prépare les enfants cardiaques pour des transferts à l'étranger, avec l'aide de la clinique de Bousmaïl de Tipasa (Echocardiographie, Angiographie et Cathétérisme cardiaque). J'ai personnellement signé neuf prises en charge en 2010, huit en 2011 et seulement une en 2012. Pour la consultation des enfants cœliaques, aucune biopsie intestinale n'a été pratiquée, à ce jour, dans le service. Pour la consultation des enfants asthmatiques, rien ne se fait pour les malades, en dehors de la radiographie du thorax. A propos de la consultation des enfants diabétiques, elle me parait être illégale au vu de ce qui a été décidé, à la création de l'EHS de SMK, concernant les unités de diabétologie et d'oncologie. Elles sont communes aux deux services de la ville et placées respectivement à El kantara en extra-muros pour la diabétologie, gérée par le CHU Constantine et dans les locaux même du service de pédiatrie du CHU Constantine pour l'oncologie. L'intérêt inavoué que porte l'intéressée pour le suivi de ces malades me semble mystérieux au vu de ses lourdes charges médicales et pédagogiques dans le service.» Veillant au rayonnement de la structure qu'il dirige et soucieux plus particulièrement d'assurer au personnel médical une formation de qualité, le Pr. Allas rappellera que son service a organisé quatre rencontres dont trois internationales, «2006 : Journée d'étude sur l'infection urinaire en collaboration avec la société Algérienne de Pédiatrie - 2007 : Congrès international de Gastro-nutrition - 2008 : Congrès international de Néonatologie - 2009 : Congrès international sur l'insuffisance rénale de l'enfant ayant pour but de sensibiliser les opinions des décideurs sur la nécessité de créer un espace pour l'épuration extra-rénale au niveau de notre clinique. A ce titre, j'ai lu un grand plaidoyer en tant que Président du comité d'organisation», et conclura par la nécessité de dépêcher une commission d'enquête compte tenu du climat délétère installé par les procédés malveillants visant à le déstabiliser personnellement et surtout nuire aux malades.