Commençant à peine à se rassembler, hier matin, devant la Grande-Poste, à Alger, les délégués du comité du pré-emploi et du filet social du Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap) ont été sommés de se disperser. La police a aussitôt réprimé les protestataires qui commençaient à déplier les banderoles portant les slogans relatifs aux revendications socioprofessionnelles de quelque 800 000 travailleurs souffrant de précarité et de misère sociale. Plusieurs syndicalistes ont été embarqués par les policiers. Le Snapap dénonce «une répression qui s'est faite dans la violence. Jamais nous n'avons eu droit à autant d'insultes, de bousculades et de haine de la part d'agents qui ont veillé à ce que les voix des jeunes protestataires ne soient pas entendues», dénonce Mme Hirèche, secrétaire nationale dans l'exécutif du Snapap, ayant pris part à la manifestation. «Nous ne voulons qu'exposer nos préoccupations à cette situation qui dure depuis des années. Pourquoi devrions nous taire face à l'exploitation effrontée de jeunes diplômés», s'interroge un protestataire. «Nous avons pourtant insisté sur le caractère pacifique de notre action, pourquoi tant de violence», commentent d'autres jeunes, vite dispersés par les agents de police. Selon le Snapap, une cinquantaine de délégués ont été arrêtés, dont quatre femmes. «Les arrestations ont été faites avec une rare violence. Des agents de police n'ont pas hésité à traîner les protestataires et les pousser, avant d'en embarquer une cinquantaine», accuse Mme Nassira Ghozlane, porte-parole du syndicat. Le Snapap a été empêché, à maintes reprises, de tenir des sit-in au niveau de la capitale. «Pour échapper à la répression de l'action d'aujourd'hui (dimanche, ndlr), nous avons dû taire le lieu de l'organisation du rassemblement, mais grande a été notre surprise en découvrant ce matin un dispositif de sécurité posté au niveau des places principales de la capitale.» A souligner que le directeur général de la Sûreté nationale sera saisi «pour les dépassements commis par ses agents. Des femmes ont été insultées et traitées de tous les noms pour avoir pris part à une action de protestation», soutient Mme Hirèche. A rappeler que les revendications exprimées hier concernent l'intégration de tous les travailleurs contractuels du pré-emploi et du filet social dans des postes permanents. Il s'agit aussi de mettre fin à ces formules qui «consacrent la précarité et exposent les travailleurs à toutes les formes de chantage et de harcèlement».