En liant la stabilité des prix du pétrole à la nécessité d'une réduction des tensions géopolitiques, le président de l'OPEP, l'Indonésien Punomo Yusgiantoro, vient de lancer un message très fort à la communauté internationale, notamment aux grands pays consommateurs. Les observateurs avertis comprendront que le message est adressé en premier lieu aux Etats-Unis, dont la puissance fait d'eux le premier décideur dans le monde. L'exposé du président de l'OPEP, qui résume l'état d'esprit des principaux pays producteurs, est clair. Les pays exportateurs de pétrole ont ouvert à fond leurs robinets, qu'ils soient membres ou non de l'OPEP. Mais cela n'a pas suffi à faire baisser la tension, et espérer des prix stables. Même si la demande est très forte, les quantités de pétrole mises sur le marché suffisent. Ce qui déstabilise le marché, ce sont les conflits mondiaux. Et personne ne peut s'empêcher de penser à l'Irak ou à la situation en Palestine. La situation d'instabilité au Moyen-Orient, où se retrouvent impliqués en premier lieu les Etats-Unis, agit directement sur la volatilité des prix et favorise la spéculation qui pousse les prix vers le haut avec le risque d'une grave crise économique dans le monde. Si les grands pays consommateurs depuis la crise de 1973 ont appris à se prémunir des tensions, la hausse actuelle des prix peut pénaliser les pays émergents et les pays qui accusent un grand retard dans le développement. Dans un monde marqué actuellement par la globalisation, une crise dans une région donnée peut déteindre sur d'autres continents. La crise asiatique en 1998 l'a prouvé. L'impact d'un conflit dans un pays donné, notamment lorsqu'il s'agit d'un pays producteur de pétrole, a des incidences directes sur le marché pétrolier. On l'a vu déjà durant l'hiver 2002/2003 au Venezuela. Cela se confirme avec l'Irak et la situation en Palestine ainsi qu'à un degré moindre au Nigeria. Alors qu'il devrait être une source de richesse, le pétrole engendre la guerre et les crises. La situation actuelle devrait faire réfléchir la communauté internationale sur certaines pratiques. Il est possible d'éviter les crises préjudiciables si on ne considère plus le pétrole comme une richesse à conquérir, mais plutôt comme une richesse à préserver, le temps d'assurer la conversion énergétique.