Une nouvelle fois l'ONU apparaît comme l'ultime recours des Palestiniens pour faire entendre leur voix. Et encore, celle-ci peut être étouffée dans les méandres de la procédure, laquelle obéit toujours à de strictes considérations politiques. Et dans le cas d'Israël, le barrage s'avère toujours infranchissable. Aucune condamnation depuis sa création en 1948, sauf dans de très rares exceptions, une indignation dans des termes très mesurés. Ni Israël ni sa politique pourtant évidente n'ont été condamnés. C'est dans un tel contexte aggravé par le prétexte d'un gouvernement palestinien dominé par le Hamas que s'est ouverte lundi à New York, une session du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée au conflit du Proche-Orient. Mais la situation des Palestiniens était le seul point de discussion d'autant que la réunion a été précédée de tout juste quelques heures par un attentat anti-israélien. Cette session publique, au cours de laquelle plus de 30 délégués ont pris la parole, avait été demandée par le mouvement des pays non-alignés, le groupe arabe des Nations unies et l'Organisation de la conférence islamique après que Washington ait bloqué, la semaine dernière au Conseil de sécurité, l'adoption d'un texte demandant à Israël de s'abstenir de l'« usage excessif de la force » à l'encontre des Palestiniens. Ce projet de texte aurait invité Israël à s'abstenir de « l'usage excessif de la force » et demandé à l'Autorité palestinienne de prendre « une position publique et claire contre la violence ». Il visait à répondre aux bombardements intensifs de la bande de Ghaza récemment par l'armée israélienne, officiellement en riposte à des tirs de roquettes artisanales sur son territoire par des groupes palestiniens, mais ceux-ci ne sont que l'expression de la résistance palestinienne à l'occupation israélienne. Ce sont les Palestiniens qui se défendent et défendent leur droit à l'existence. Au cours de la réunion de lundi, des pays musulmans et non-alignés ont exprimé leur fort soutien aux Palestiniens, allant droit au but en appelant à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens. L'observateur permanent de la Palestine à l'Onu, Ryad Mansour, a rappelé que le président palestinien Mahmoud Abbas avait fermement condamné l'attentat de Tel-Aviv estimant qu'il portait « atteinte aux intérêts de notre peuple ». « Nous redisons notre condamnation pour la perte de vies civiles innocentes des deux côtés, palestinien et israélien », a-t-il dit, tout en appelant le Conseil de sécurité à « agir fermement pour arrêter les récentes agressions et l'escalade des attaques militaires » d'Israël contre le peuple palestinien. Sans même répondre à cette revendication, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu a, bien au contraire, recouru à la menace. John Bolton a prévenu que « tout soutien d'actes terroristes par des représentants du gouvernement palestinien aurait de lourdes conséquences sur les relations entre l'Autorité palestinienne et tous les pays œuvrant pour la paix au Proche-Orient ». Il a également regretté « la perte de vies innocentes, y compris à Ghaza », mais n'a fait nullement mention des efforts de paix, sauf si cela bien entendu est loin de correspondre à la réalité. Des plans ont été élaborés, la plupart du temps acceptés par les Palestiniens, mais toujours réécrits par Israël qui a décidé cette fois de mener des actions unilatérales comme en ce qui concerne la question des frontières.