«Si Abdeka, bienvenue au théâtre de Bouguermouh». Ça ressemble à une formule de bon accueil dressée à l'entrée d'une agglomération pour accueillir le retour d'un enfant prodige. Mais ce n'est pas le cas. L'énoncé a résonné en réplique dans un théâtre et c'est le dramaturge Omar Fetmouche qui en est l'auteur, lequel, en clôture de l'hommage consacré deux jours durant à Abdelkader Alloula, s'est évertué à faire accroire que l'esprit de «si Abdeka» était bien présent dans l'enceinte du théâtre. Il ne fallait pas tant pour nouer les gorges et serrer les tempes. C'est que précédemment, Fetmouche, peut-être sans calcul, avait déjà conditionné le public, en lui envoyant magistralement à la face et dans les oreilles, à la manière d'un goual, un texte poignant dédié à ce magnifique dramaturge que des mains traîtrises ont ravi à la vie il y a 19 ans déjà, croyant mettre un bâillon à sa bouche…folle de vie. Ce soir, à l'évocation de Alloula, il y avait pour le magnifier, en effet, au-delà de la dimension de l'homme, le talent d'écriture et d'interprétation de Fetmouche, déroulé dans toute sa splendeur et qui ont rendu toute la mesure de ce qu'a pu représenter Alloula. Ainsi, a débuté la soirée, décliné toute en émotion, et relevée aussi par l'inaltérable Djamel Allam, qui en a profité pour évoquer son amitié avec l'auteur de Homk Salim et lui dédier, un poème des plus bouleversant, au titre évocateur «donne-moi la main», déclamé a cappella, puis chanté langoureusement en complainte sur un accompagnement du musicien Bazzou au piano. Cet hommage a donné l'occasion pour le marteler en mettant en relief l'homme, son œuvre, et son parcours, cristallisé, au demeurant, dans un riche documentaire, signé Kamel Boualem dans lequel il y est livré un cocktail de pièces et d'interviews réalisé par Alloula.