Le Théâtre Abdelmalek- Bouguermouh de Béjaïa a rendu hommage dimanche au dramaturge Abdelkader Alloula, en présence de son épouse, des membres de sa fondation éponyme et de nombreux hommes de théâtre issus d'horizons divers. Vernissage d'une exposition de photos de scènes, d'affiches et de coupures de presse, témoignages de ses compagnons et amis proches, diffusion en boucle sur écran plasma de sa pièce fétiche «Homk Salim», adaptée du «Journal d'un fou» de Nicolai Gogol, et présentation d'un documentaire, absolument prenant, sur son parcours et son œuvre ont polarisé le coup d'envoi de la cérémonie inaugurale. «Ce n'est pas un simple cérémonial de reconnaissance, mais un devoir de mémoire pour que nul n'oublie», déclare à ce propos, le dramaturge Omar Fetmouche, et directeur du Théâtre régional de Béjaia (TRB), qui entend aller au-delà du rituel de l'hommage en donnant l'opportunité aux professionnels de poursuivre l'œuvre de leur aîné dont la portée dépasse, de son point de vue, le cadre national. «Il nous a légué un patrimoine universel. Son expérience est extraordinaire, qu'il s'agisse de Halqa, de sa manière de décrire nos vies ou notre théâtre numide et nord-africain. Mais elle reste inachevée. Nous en décelons juste les éléments de réflexion dans «el-Halqa», «el Goual», «el-Meddah» qui font partie de la tradition populaire, et sa notion du théâtre de l'écoute», observe-t-il, exhortant les chercheurs à mener dans ce contexte un travail de fond. Aux yeux de Omar Fetmouche, Alloula a développé un théâtre populaire, typiquement algérien, qu'il y a lieu de promouvoir. «Nous sommes en train de répéter les mêmes formes de production et de représentations. Autant dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge». Et, à ce titre, il est impératif, suggère-t-il, de «revenir à l'essence populaire du théâtre national en valorisant tous les référents contenus dans l'œuvre de Alloula, notamment «Lebnadria», «el Halqiya», les conteurs, les anciennes légendes pour en faire des éléments de représentations typiques». Abondant dans ce sens, l'épouse du défunt, Raja, estime, pour sa part, que Alloula, qui n'a pas eu le temps de continuer son expérience, «a ouvert néanmoins une grande brèche pour la réflexion de sorte à instituer un théâtre populaire de qualité, et typiquement national». L'héritage d'Abdelkader «n'a pas été valorisé dans toute sa dimension», a-t-elle soutenu, justifiant au passage le projet de sa fondation de convoquer, à Oran, en 2014, à l'occasion du 20e anniversaire de son assassinat, un colloque international dédié autant à son parcours qu'à son œuvre. Cette rencontre-hommage à Béjaïa, à laquelle s'associent le théâtre d'Oran et l'Association des amis de Tlemcen, basée à Paris, se veut, à ce titre, un prélude pour la réflexion, mais aussi sur les moyens à mobiliser pour réussir l'événement qui s'annonce. Prévue deux jours durant, cette manifestation a inscrit à son programme l'organisation de plusieurs tables rondes et conférences, et le déroulement de pièces du défunt dont «Qisas Nessin», et la lecture en version amazighe de la pièce Ettafah, traduite de l'arabe par Samir Zemmouri, le tout auréolé par une soirée artistique, animée par les comédiens du TR Béjaïa.