D'innovations techniques en développements industriels, le marché des produits audiovisuels n'en finit pas de fournir de nouvelles applications. Annoncé moribond il y a un demi-siècle avec la prise de pouvoir tentaculaire de la télévision, le cinéma reste plus que jamais à la base de toutes les offres concrètes. La télévision terrestre a bien tenté de rivaliser avec le 7e art dans le domaine de la fiction, mais la massification et les coûts élevés de production ont vite eu raison de cette ambition. Avec la multiplication de l'offre et des temps d'antenne, la télévision s'est vite orientée vers l'information plutôt que vers la création artistique, vers le divertissement aux dépens de la qualité. Car la qualité a son coût et il est conséquent. Au plus haut de la crise d'Hollywood, les plus malins ont choisi de racheter les catalogues de grosses compagnies cinématographiques. Berlusconi le premier a pu lancer la Cinque grâce à ces rachats et préparer ainsi l'empire médiatique qui est aujourd'hui le sien. Rupert Murdoch n'a pu s'implanter durablement sur le marché américain qu'après le rachat de la Fox. D'autres ont suivi, dont Sonny. Ces précurseurs avaient très tôt compris que pour soutenir l'irrépressible tendance de la télévision vers le vulgaire, il fallait maintenir ouvertes des fenêtres vers le vrai spectacle filmique, celui qui coûte trop cher à la chaîne. Le film est resté le produit indispensable pour vendre le 20 heures et les publicités lucratives qui l'accompagnent. L'arrivée vers la fin des années 1960 de l'enregistrement vidéo et du deux pouces a totalement changé la donne. Après le passage au trois quarts de pouce, le magnétoscope s'est trouvé rapidement à la portée du consommateur. Le citoyen pouvait dès lors acquérir une copie VHS des films cinématographiques et échapper partiellement à la mainmise de la télévision. Il apparaissait clairement que le spectateur continuait à privilégier le film, que ce soit dans les salles obscures ou en vision solitaire sur son écran TV. Du coup, les chaînes ont accordé plus de place dans leurs grilles au long métrage traditionnel. Les plus fortunées d'entre elles, comme les chaînes à péage (particulièrement actives en France et en Italie), continuent à investir dans la production cinématographique pour personnaliser leur participation. Ces facteurs réunis ont conduit à une relance de l'industrie cinématographique qui se porte au mieux dans la plupart des pays développés ou réellement émergents comme l'Inde. L'abandon de toute politique de développement du secteur du cinéma est clairement devenu la marque des pays stagnants qui se mettent ainsi durablement en marge du progrès. Seuls les pays capables de produire un volume significatif d'images sont en mesure de peser dans le monde actuel. Avec l'apparition du DVD qui a pour le cinéma l'avantage de n'être qu'un support de lecture et pas d'enregistrement, la tendance s'est encore accélérée. Certes le piratage s'est accentué, mais surtout dans les pays non producteurs, dont les citoyens glorifient les images des autres au profit de lobbies peu scrupuleux, et dont l'action est plus appauvrissante que créatrice de richesses pour le pays où ils sévissent. Le boom de l'Internet, avec la multiplication des possibilités de téléchargement, a posé aux producteurs d'images un problème nouveau. La piraterie existe partout, mais les sociétés avancées répondent par l'innovation technologique. L'avènement du numérique dans la transmission des produits a entraîné le développement des offres à la demande et favorisé la multiplication des réseaux ou terminaux non analogiques. Cette situation a conduit à des transformations majeures dans le mode d'accès aux programmes et dans l'attitude des partenaires traditionnels comme les producteurs, les distributeurs ou les chaînes. Le numérique et l'envolée du haut débit (du type ADSL) ont vu également l'arrivée de nouveaux opérateurs comme les compagnies de Télécoms ou les industriels de l'électronique destinée au grand public. Tout cela va modifier en profondeur les modèles économiques de l'audiovisuel, en particulier le financement de la production. Il y a quatre mois, l'industrie du cinéma en France a signé avec les fournisseurs d'accès à Internet un accord portant sur la vidéo à la demande, connue sous le sigle de VOD (Video on Demand). C'est un marché prometteur qui est fondé sur la demande du client potentiel d'œuvres audiovisuelles sur un ordinateur, un téléviseur ou un téléphone portable. Une quarantaine de services de téléchargement propose des produits allant du clip musical, aux documentaires, mais aussi, et de plus en plus, aux longs métrages cinématographiques. Environ 2000 longs métrages sont déjà disponibles en Europe, dont 700 titres en France. La montée en puissance de la vidéo à la demande pose toutefois la question de l'adaptation de la réglementation de la diffusion des œuvres cinématographiques. L'Europe a rapidement réagi par la directive « Services des médias audiovisuels », appelée à remplacer la directive « Télévisions sans frontières », devenue inadaptée à la nouvelle situation du paysage audiovisuel de l'Union. La chronologie des médias qui définit l'exploitation des œuvres cinématographiques vise en premier lieu à protéger l'exploitation en salles et à préserver les droits des auteurs. Le but final reste concentré sur la prééminence de l'industrie du film comme ressource pour les nouveaux providers dans leur recherche de clients et de profits nouveaux. En multipliant les offres de service, l'innovation technologique continue jusqu'à présent à s'appuyer sur la création artistique et le talent humains pour séduire le consommateur. Mais qui a dit que le cinéma était mort ?