La vie des habitants est menacée par des éboulements. Les autorités ont été saisies. La situation prévalant au niveau d'Imesdourar (M'zarir), un village relevant de la commune de Saharidj, à 50 km au nord-est de Bouira, est inquiétante à cause des chutes de pierres. En effet, de gigantesques blocs, dont la taille atteint parfois celle d'une maison, dévalent, depuis le pic appelé Ich Oumahroum surplombant Imesdourar, et écrasent tout sur leur passage. A l'œil nu, l'on peut voir l'effritement de cette colline à partir de laquelle des pierres et des blocs se détachent et chutent dangereusement. Les 500 habitants environ de ce hameau, agglutinés sur le versant Est du mont Djurdjura et perchés à près de 1200 m. d'altitude, vivent dans des conditions de dénuement et d'angoisse permanente. Durant les années du terrorisme, de nombreux habitants d'Imesdourar ont été contraints de quitter leur village. Aujourd'hui, ce sont les chutes de pierres qui les guettent et les incitent à quitter de nouveau leurs terres. «Ces chutes de roches prennent des proportions dangereuses, tant leur cadence est terrifiante. Dans le passé, c'était rare de voir un tel phénomène», dira un habitant du village. Pour le moment, 7 familles ont quitté leurs maisons et sont réfugiées chez des voisins, plus au moins éloignés du danger. Tout autour, l'on constate d'énormes blocs ayant fini leur course par-ci et par-là dans les jardins familiaux, à quelques mètres seulement des maisons, miraculeusement épargnées. «Nous vivons sous une peur permanente, surtout la nuit, car on ne sait quelle direction prendre pour sauver nos familles lorsque nous entendions le fracas des pierres qui chutent», dira un père de famille sexagénaire, qui ajoute, désespéré : «Nous n'avons pas où aller, il n'y a que la forêt pour nous réfugier. L'Etat nous a abandonnés». L'école primaire du village et les 50 enfants qui la fréquentent sont également exposés au danger. Les causes de la cadence infernale de ces chutes de pierres, selon les villageois, sont liées à des facteurs distincts : l'incendie ravageur de l'année dernière qui a décimé la végétation de la colline d'Ich Oumarhoum, d'où fragilisation du sol face aux fortes pluies de ces derniers temps, qui provoquent des éboulements. «Les arbres et leurs racines qui tenaient les rochers et qui protégeaient le sol du phénomène de l'érosion ont disparu à la suite dudit incendie. Ainsi, on ne voit sur ce pic que des rochers nus menaçant de chuter à tout moment», expliquent des habitants du village. «A chaque averse de pluie ou de la neige, nous constatons que la chute de pierres s'accélère et la colline s'effrite progressivement». A plusieurs reprises, ces chutes de rocaille ont causé le blocage de la RN 30 reliant Bouira à Tizi Ouzou. Il y a une dizaine de jours, racontent les villageois d'Imesdourar, «nous discutions tranquillement en groupe lorsque, soudain, nous avions entendu un bruit brusque et fracassant provoqué par des chutes de pierres. Fort heureusement, ces blocs ont été stoppés par la chaussée de la RN 30, qui était en plus déserte en ce moment, autrement les dégâts auraient été énormes, notamment pour le village», nous diront nos interlocuteurs sur place. Le président de l'association Assirem (Espoir) du village Imesdourar, Ahcene Bouraoui, nous indique que tous les responsables ont été saisis à propos de cette situation. Deux commissions, l'une de wilaya et l'autre de la daïra, ont été dépêchées au village. Sur les lieux elles ont constaté les multiples dangers auxquels les villageois sont exposés.Leur décision a été le lancement d'un projet de construction de 100 logements sur le site dit «Thissighit», tout près du village Ath Hammad, dans la commune de Saharidj. Cependant, les membres de l'association déplorent les lenteurs entravant le projet depuis le mois d'août 2012, date de la signature de son procès verbal. De son côté, le P/APC de Saharidj, Ali Belkacemi, se dit conscient du danger qui plane sur le village en question et s'interroge sur les motifs du retard. «Nous nous sommes convenus avec les autorités de wilaya sur l'urgence de réaliser ces 100 logements afin de déplacer les habitants d'Imesdourar vers un lieu sûr. En tant qu'APC, notre devoir nous l'avons fait. L'ex wali avait donné son accord pour le lancement du projet. Je ne comprends pas pourquoi tout ce retard. Faut-il qu'un drame se produise pour réagir ?», se demande le maire de Saharidj, appelant à faire vite pour éviter toute tragédie, d'autant qu'une solution existe et arrange tout le monde, explique-t-il.