La surveillance de la progression du phénomène est assurée par la population et par les autorités locales suivant des groupes de surveillance, prêts à donner l'alerte en cas d'urgence. Après une période d'accalmie, la population d'Illiltène replonge dans l'inquiétude ; l'angoisse et la détresse face au déchaînement de la nature. Et pour cause, de nombreuses familles ont quitté leur domicile depuis avant-hier samedi dans la commune d'Illiltène là-haut perchée sur le Djurjura, et ce, suite à une nouvelle coulée de boue qui a fait sa réapparition et qui menace des habitations de Souk El-Had, chef-lieu communal et surtout celles du village Aït Aïssa Ouyahia. En fait, il s'agit d'un glissement accentué par la pluie et les chutes de neige qui touchent la localité depuis presqu'une semaine. Selon des villageois d'Aït Aïssa Ouyahia, dont les habitations sont menacées par la coulée, “contrairement à ce qui a été dit, nous n'avons pas été évacués mais c'est nous-mêmes qui avions quitté nos maisons face au danger. Concernant nos familles, elles sont hébergées chez des parents et des amis alors que de leur côté, les hommes, pour la plupart, ont passé la nuit dehors et sous un froid glacial. Aucun secours n'est organisé. Aucun espace n'est aménagé afin d'accueillir d'éventuels sinistrés", nous dira Hakim dont la maison risque d'être emportée par ce mélange d'eau boueuse, de roches et d'arbres déracinés qui continue de dévaler progressivement de la montagne. Hier, les coulées ont baissé quelque peu d'intensité en début d'après-midi, mais les fortes pluies qui se sont abattues durant toute la journée risquent d'aggraver la situation et de faire craindre le pire. Selon Mohand Arezki Aoudj, membre du bureau d'études en charge de la révision du PDAU de la commune d'Illiltène, “le glissement est actif pour le moment et d'énormes quantités de roches et d'argile sont en suspens. Dans l'immédiat, il faut réaliser des berges de protection, ce qui est en train d'être réalisé, mais il faut installer aussi des systèmes de surveillance par des appareillages modernes. Il faut également supprimer le dalot conçu sous forme de pont situé au niveau du CW253 car étant exigu, il obstrue à chaque fois le passage du limon au niveau de l'oued Bouchiker. Par ailleurs, il est nécessaire de reboiser toute la zone touchée par le glissement de terrain et il faut aussi finaliser l'étude de risque qui a été confiée au centre du génie sismique CGS", dira notre interlocuteur. Et d'ajouter : “Le phénomène s'est certainement déjà produit cela fait quelques centaines d'années et la topographie de la zone le certifie." Hier, la circulation au niveau du CW253, reliant Tizi Ouzou à Béjaïa, via Illiltène et le col de Chellata était ouverte normalement à la circulation et certaines sources n'écartent pas d'éventuelles évacuations d'urgence en cas d'aggravation de la situation, qui impliquera tous les services concernés par les mesures d'urgence car une importante quantité de limon et de roche reste accrochée dangereusement sur les habitations en question qui sont situées dans une zone à hauts risques. Pour le moment, la surveillance de la progression du phénomène est assurée par la population et par les autorités locales suivant des groupes de surveillance, prêts à donner l'alerte en cas d'urgence. Par ailleurs, un appel a été diffusé hier par la mairie d'Illiltène, appelant les habitants, dont les maisons sont situées à proximité du la rivière qu'emprunte la coulée, à se préparer pour une éventuelle évacuation. Mais, il est à relever que plusieurs habitants ont déjà pris leur devant et ont préféré quitter leurs maisons de plus en plus menacées. Il est à noter que le nouveau président d'APW, Hocine Haroun, accompagné de ses deux vice-présidents MM. Ouguemat et Zemirli, s'est déplacé sur les lieux du sinistre pour s'enquérir de la situation auprès des autorités locales. “Certes, la situation est maîtrisable pour le moment mais elle reste préoccupante en cette période de mauvais temps", dira le P/APW de Tizi Ouzou, qui estime que de gros travaux de consolidation doivent être envisagés à moyen et long terme car il y a toute une montagne qui risque de déverser encore des tonnes de boue et rocailles sur la colline d'Illiltène qui continue de vivre un cauchemar sans précédent. K. Tighilt/M. Haouchine