Plusieurs quartiers d'Alger croulent sous les ordures. Ce constat a été fait par tous et est connu de tous, mais ces derniers jours, la situation à laquelle se sont habitués les Algérois a empiré, à la suite de la grève des communaux. Des quartiers, déjà mal couverts par les services de la voirie, sont carrément obstrués par les déchets ménagers et les gravats. Le ramassage des ordures a cessé depuis près d'une semaine. Des citoyens ont été réduits à brûler leurs ordures. La gestion des déchets par les services de la voirie et l'EPIC Netcom est un échec. Les autorités, voulant faire bonne figure, le reconnaissent volontiers. Le ministre de l'Environnement, Amara Benyounes, en visite d'inspection à la décharge d'Ouled Fayet, a fortement critiqué l'établissement Netcom. Quelques jours plus tard, en répondant aux questions des députés de l'APN, le ministre n'a pas dit un traître mot sur la situation déplorable dans certains quartiers d'Alger et les députés ne se sont pas empressés, pour leur part, de l'évoquer. A part l'annonce de projets forcément «futurs», rien n'est prévu dans l'immédiat. Ou très peu de choses. La wilaya et les communes, chargées par la loi de la protection de la santé publique, ne sont pas prêtes à prendre des mesures rapides. L'opération lancée en octobre dernier n'aura été finalement que de la poudre aux yeux. Elle aurait été décidée, susurre-t-on, dans un but bien déterminée : créer un semblant de mouvement avant les communales et préparer la visite d'un illustre hôte à Alger. Passée cette période, l'opération a vite été abandonnée. L'EPIC wilaya et les communes expliquent ce «retour de la saleté» par le manque de moyens (parc roulant faible, agents indisponibles). Cet argument n'aurait jamais été retenu, surtout avec l'argent dont ont bénéficié les opérateurs. La situation actuelle s'explique, principalement, par l'archaïsme dans la gestion des opérations de ramassage. Et ce ne sont pas les opérateurs privés qui vont y changer quelque chose. Les concessions accordées dans des quartiers, depuis 2005, n'ont rien réglé. Aussi, l'opération «Blanche Algérie», ressuscitée pour embaucher de jeunes chômeurs, ne devrait pas, là aussi, faire évoluer la situation. La modernisation des moyens, mais aussi l'implication de la population, souvent responsable elle-même de la prolifération des déchets, est nécessaire.