Le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, a critiqué le travail des responsables de l'établissement qu'il a accusés, lors d'une réunion de l'APW, de négligence. L'aveu est de taille : «L'opération de nettoyage à Alger a connu un coup de frein.» Le wali qui l'a asséné lors de la session de l'APW a un coupable tout désigné pour expliquer la défaillance dans le ramassage des ordures : les fonctionnaires des EPIC de l'APW, accusés de mauvaise gestion. M. Addou répond au directeur de l'établissement public chargé de la collecte des déchets ménagers qui a souvent expliqué la situation actuelle par des blocages pour l'acquisition du matériel roulant au niveau de la commission des marchés de la wilaya. «La situation actuelle ne s'explique pas par l'absence de ressources financières : 117 milliards de centimes ne sont pas utilisés depuis 4 ans. Des opérations d'acquisition ont été engagées aussi en gré à gré avec la SNVI, mais des camions sont toujours dans les parcs sans que l'EPIC puisse les utiliser. Qu'on ne vienne pas me dire que c'est la faute à la commission des marchés publics. Cette commission travaille selon la réglementation», assure le chef de l'exécutif, qui n'a pas apporté toutefois des solutions à la débandade qui marque des entreprises qui sont sous sa tutelle, pour régler le problème de l'hygiène à Alger. Plusieurs quartiers de la ville croulent sous les ordures : des tonnes d'ordures ménagères s'entassent sur les trottoirs et la chaussée complètement obstruée et les bacs à ordures, visibles sur certains axes routiers, sont remplis à ras bord. «Alger est une ville sale. La situation se dégradera encore plus durant la saison des grosses chaleurs. Les routes ne sont pas toujours balayées. Des quartiers, même ceux du centre-ville, ne sont pas toujours visités par les éboueurs de Netcom. Des agents de l'entreprise se permettent de brûler les déchets, comme c'est le cas à la Pêcherie, empestant toute cette partie de la ville, déjà négligée», s'indigne un résidant de la rue Bab El Oued, à la Basse Casbah. La dégradation de l'environnement est visible partout : dans les communes de l'intra muros de la capitale, pris en charge par l'EPIC et même à la périphérie, habituellement moins polluée. Le constat fait par le wali, les élus locaux et par l'Algérois lambda ne trouve pas de réponse, en dépit des largesses dont a bénéficiées l'EPIC (anciennement direction de l'ex-CPVA), depuis la prise de fonction du wali Addou en 2004. «Le peu de moyens, l'incurie d'une entreprise de la wilaya fortement bureaucratisée et l'indiscipline des habitants et plusieurs commerçants qui ne respectent pas les horaires de sortie des déchets font que les quartiers, pris en charge par l'EPIC, croulent sous les déchets et les gravats», se désole un élu de l'APW, indigné par «une exécution publique du directeur de Netcom», alors que la responsabilité est partagée. Les concessions accordées aux privés pour le ramassage des ordures sont-elles la solution ? L'expérience, lancée il y a plus de 3 ans, n'est pas toujours concluante ; la dizaine de communes qui en font l'expérience ne souhaitent pas toutes, semble-t-il, renouveler les contrats. Une enveloppe supplémentaire de 300 millions de dinars a pourtant été dégagée par la wilaya d'Alger pour renforcer le nombre de concessions. Présente dans 27 communes seulement sur les 57 que compte la wilaya, la direction de Netcom, citée par Wakt el Djazaïr, assure que les privés n'ont pas l'«expérience avérée» pour prendre en charge l'hygiène dans les quartiers populaires. «Nous avons résilié le contrat avec l'entreprise privée pour abandon de travail et surfacturation. Cette entreprise, qui a travaillé à peine deux mois, a bénéficié de l'aide de l'APC, qui a mis à sa disposition ses propres agents. La commune a pris la décision de ne pas la payer», nous a signalé dans un précédent entretien le P/APC, Abdelghani Ouicher, qui fait remarquer que l'APC, aidée dans la collecte par les effectifs de Netcom, ne dispose que de 8 camions qui font des rondes dans 21 secteurs. D'autres communes ont adopté l'expérience, certaines ont résilié leurs contrats, alors que d'autres n'ont pas pu payer les entreprises. Nos tentatives de joindre, durant toute la matinée d'hier, les responsables de l'EPIC, à leur tête le DG de l'établissement, sont restées vaines. Contacté en fin d'après-midi, le chargé de communication de l'entreprise a promis de nous répondre, mais il ne l'a pas fait.