Faute de salles de cinéma, d'autant que les quatre existantes ont été fermées vers la fin des années 1980, la maison de la culture abrite, du 18 avril au 18 mai 2006, le mois du cinéma. La manifestation est entrée, mardi, dans le vif du sujet. Le Couperet de Costa Gavras a donné le coup de starter d'un programme chargé. Les fans du 7e art auront quotidiennement droit à un film récent ou classique. La projection sera suivie d'un débat avec le réalisateur. Costa Gavras, le producteur de Mon Colonel, a dans ce sens animé mardi des interventions d'un bon niveau. Le cinéaste en question n'a pas manqué l'occasion pour déclarer que la « première » de sa dernière œuvre cinématographique Mon Colonel sera présentée à Sétif, où une bonne partie de ce long métrage racontant le parcours d'un tortionnaire français (responsable d'atrocités et de tortures perpétrées à l'encontre du peuple algérien lors de la guerre de Libération nationale) a été tournée à Sétif et El Eulma. La sortie de Costa Gavras ne ratant aucune occasion pour lancer sa célèbre expression : « J'ai une dette envers l'Algérie » a été appréciée et fortement ovationnée par une assistance composée essentiellement de familles nostalgiques du bon vieux temps où les salles (Variétés, Star, Colisée et ABC) étaient fréquentées par les Sétifiens qui se déplaçaient en groupes et en famille. « L'initiative est louable à plus d'un titre. C'est l'occasion de redonner au cinéma algérien ses lettres de noblesse », souligne Faycel Ouaret (écrivain et architecte), membre d'une association qui met les bouchées doubles pour l'ouverture prochaine d'un cinéclub à Sétif. On notera que des réalisateurs et comédiens algériens (Amar Laskri, Meziane Yala, Rabah Laaredj, Sid Ali Fettar, Farida Saboundji, Sid Ali Kouiret, Mustapha Preure et bien d'autres) ainsi que Costa Gavras ont été honorés lors de la cérémonie d'ouverture. Des ateliers sur les « techniques du cinéma » et la « réalisation d'un film » seront dirigés par Hamid Benamara, Yanis Koussim et Zahzah Abdenour, de jeunes cinéastes, sont au menu. Hormis la communication de bouche à oreille, cette importante manifestation n'a fait l'objet d'aucune campagne publicitaire. La défection du public avide d'animations culturelles d'un certain niveau n'est pas à écarter. L'on apprend que deux cinébus feront du 1er au 18 mai des tournées à travers bon nombre de communes de la wilaya. Ces contrées vont le temps d'une projection renouer comme au bon vieux temps avec le cinéma en plein air, pourvu que le soleil soit de la partie. Ceci étant, les adeptes 7e art de la capitale des Hauts-Plateaux et des villes limitrophes qui vont sans nul doute faire le déplacement auront l'occasion de voir La Tcho Drom de Tony Gatlif, El Manara de Belkacem Hadjadj, La Promesse des frères Dardenne, Le thé au harem d'Archimède de Mahdi Charef, Bab El Web de Merzak Allouache, Peuple en marche de René Vautier, La Bataille d'Alger de Gillo Pentecorvo, Prends mille balles et casse-toi de Zemmouri, Les Gones du Chaâba de C. Rouggia, Fleur de lotus de Amar Laskri et bien d'autres films algériens et étrangers. Les organisateurs qui n'ont, pour une raison ou une autre, pas jugé utile de faire un tapage médiatique autour de cette « première » vont, pour sa réussite, devoir rectifier le tir, d'autant que le public est demandeur. Pourquoi le prive-t-on donc ?