Les chômeurs ont pu passer leur message en rappelant qu'une autre marche, décidée par le Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC), est prévue pour le 10 avril. Les jeunes chômeurs de Tamanrasset ont accueilli, jeudi dernier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, qui était en visite de travail et d'inspection dans la wilaya, par une marche pacifique qui s'est ébranlée de Tahaggart, non loin du premier point programmé pour cette visite ministérielle, qu'est la Casnos. Il a fallu l'intervention des services de l'ordre pour disperser les protestataires et permettre au cortège de la délégation de passer sans encombre. D'emblée, le ministre a eu à confirmer que les mesures prises dernièrement par le gouvernement, dans le but de désamorcer la bombe sociale qui risque d'exploser dans le Sud, ne sont pas suffisantes en l'absence de l'application concrète des instructions et des lois promulguées. Les jeunes ont pu ainsi passer leur message en rappelant qu'une autre marche, décidée par le Comité national de la défense des droits des chômeurs (CNDDC), est prévue pour le 10 avril. Lors d'une rencontre avec les notables de l'Ahaggar, les autorités locales et les jeunes chômeurs, M. Louh a eu également à écouter attentivement les intervenants qui se sont relayés à la grande salle de la wilaya. Les préoccupations soulevées portent essentiellement sur l'épineux dossier de l'emploi, l'appareillage des handicapés et l'application de la dernière instruction de Abdelmalek Sellal. De loin, le ministre de l'Emploi est revenu sur les exploits et prouesses que l'Etat a réalisés pendant ces dernières années en matière d'infrastructures de base, avant de réponde aux questions qui taraudent les jeunes Tamanrassetis et aux problèmes soulevés par les intervenants, particulièrement en ce qui concerne le financement des projets dans le cadre des dispositifs de soutien à l'emploi de jeunes. «En dépit de l'instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les banques n'ont toujours pas lâché du lest pour ce qui est du financement des projets bloqués à cause du problème de la centralisation des décisions. Inacceptable ! Ce problème sera exposé dans une semaine au Premier ministre pour qu'il prenne les mesures coercitives à l'encontre de ces établissements financiers, soit à Tamanrasset ou dans les autres wilayas. Ces banques constituent un frein au développement économique de cette région du Sud et on ne peut pas tolérer cela», souligne le ministre. Et d'ajouter : «De gros moyens ont été déployés et de nombreux programmes ont été préconisés par l'Etat pour l'impulsion du développement dans le sud du pays, dans les zones reculées notamment. Mais ce qui se décide en haut ne semble pas être appliqué en bas malheureusement. Je tiens donc à assurer que les commissions intersectorielles installées à cet effet veilleront rigoureusement au contrôle et au respect de la loi, afin d'accompagner les jeunes promoteurs et de s'assurer de la bonne gestion des antennes chargées des dispositifs de l'Ansej et de la CNAC.» Les autorités locales, quant à elles, doivent concocter des programmes de projet, toutes activités confondues, que «l'Etat financera en priorité particulièrement dans les localités enclavées. Il faut encourager les petits métiers, l'élevage et les projets relatifs à la création de piscines vu les spécificités climatiques de la région, et ce, par l'encouragement des véhicules ateliers destinés aux diplômés des centres de formation professionnelle. Ce qu'il faut savoir est que le secteur de l'emploi n'est pas seulement le travail, mais c'est toute l'économie d'une wilaya. Une économie qu'il faut impérativement développer en divorçant d'avec la rente pétrolière et promouvant les secteurs hors hydrocarbures pour parvenir à la concrétisation de la stratégie adoptée par les hautes instances du pays», a-t-il renchéri. En ce qui concerne la Fonction publique, le ministre a parlé de nouvelles mesures qui seront en cours d'approbation à l'effet d'alléger les concours et les dossiers de recrutement. Par ailleurs, selon les informations fournies par l'agence de l'emploi de Tamanrasset, 3233 demandes d'emploi ont été enregistrées durant le premier trimestre 2013. Sur les 1067 offres d'emploi faites par différentes entreprises, dont 595 à Tamanrasset et 472 à In Salah, 838 offres ont été satisfaites, soit un taux de 79% des demandes effectuées. Selon les mêmes statistiques, la population active est de 122 500 habitants sur un total de 209 324 et le taux de chômage est de 13,49%. Des aides à l'habitat rural Dans le cadre du Fonds national de péréquation des œuvres sociales (FNPOS), le ministre du Travail a indiqué que des aides d'une valeur de 500 000 DA seront accordées à l'habitat rural au profit des jeunes issus des wilayas du Sud. «On attend seulement les textes d'application de cette formule qui s'inscrit dans la stratégie de l'Etat», a-t-il souligné. La wilaya de Tamanrasset a, dans le cadre du programme FNPOS, bénéficié, faut-il le noter, de 400 unités dans les quartiers de Tafsit et In Kouf, dont 304 sont entièrement achevées. Le ministre a, à l'occasion de cette visite, procédé à l'attribution des clés à quelques bénéficiaires. Où sont passés les assurés de la CNAS ? A la CNAS, contrairement aux autres institutions inscrites au menu de cette visite ministérielle, la CNR et la Casnos, le ministre n'a pas eu l'occasion de parler aux assurés et de s'imprégner de leur situation. Ils se sont étrangement éclipsés quand il s'est rendu à ce centre payeur où il a effectué une visite éclair sans avoir la peine de se demander où sont passés les assurés pour les interroger sur les difficultés qu'ils rencontrent pour se faire rembourser les frais des consultations et des médicaments depuis la défaillance du système. Le ministre s'est donc contenté de quelques statistiques avancées par le directeur de la CNAS où est, pour rappel, engagée une commission d'enquête depuis dimanche dernier pour éplucher les dossiers scabreux. Apparemment, il y a anguille sous roche. Non au régionalisme ! Si le Premier ministre mise sur la dernière instruction pour résoudre le problème de l'emploi dans le Sud, certains députés de la wilaya jugent que cette mesure cautionne beaucoup plus le régionalisme. «La wilaya de Tamanrasset a besoin de bénéficier de projets générateurs d'emplois au même titre que les wilayas du Nord et non pas de textes réglementaires qui favorisent le régionalisme. Ce qui nous manque, c'est de booster notre industrie et d'investir dans les mécanismes en mesure d'offrir plus d'opportunités de travail à nos jeunes. Des usines et des fabriques qui permettent de développer notre économie et celle de notre pays et, par ricochet, d'endiguer le chômage», a répondu Baba Ali Mohamed, député, à une question d'un membre de l'Assemblé populaire de wilaya posée à Tayeb Louh.