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Hommage à Ali Mécili : pour que son combat ne soit pas oublié.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 21 - 03 - 2012

« Je meurs sous des balles algériennes pour avoir aimé l'Algérie », mots écrits par Ali Mécili quelques jours avant son assassinat.
Ces vocables sont ceux d'un patriote sain et probe. Celui qui aime véritablement son pays. Non pas pour profiter d'un quelconque privilège, mais pour que l'Algérien ait de la considération dans son propre pays. Pour y parvenir, Ali Mécili a combattu, sans fard ni acrimonie, un régime inamovible, installé par la force depuis 1962. Refusant toute alternance, ce régime s'appuie sur ses services pour assurer sa pérennité. C'est justement là que se situe indubitablement le nœud du problème ayant fini par provoquer la mort Ali Mécili, le 7 avril 1987 à Paris. La méthode est simple : éliminer physiquement celui qui tente d'organiser la société en vue de réclamer le changement. Et ce n'est pas la première fois que cela arrive en Algérie. Depuis l'accession du pays à l'indépendance jusqu'aux événements d'octobre 1988, les dirigeants faisaient de l'Algérie leur propriété privée. Et celui qui se met sur leur chemin devient immanquablement un ennemi à abattre. En ce sens, le parcours d'Ali Mécili est une succession d'entraves à la longévité de leur système.
D'une façon générale, dans les pays hermétiques, des hommes comme Ali Mécili attirent sur eux les foudres des dirigeants. Bien que partout dans le monde le dirigeant soit uniquement le représentant de la volonté du peuple, en Algérie, le dirigeant se substitue à lui. S'intéressant uniquement au profit que procure l'exercice du pouvoir, le chef ignore totalement la souffrance du peuple. Car, au moment où Ali Mécili a été assassiné, on peut affirmer que la crise économique fut le résultat d'une gestion catastrophique poursuivie depuis l'indépendance. Non issus de la volonté populaire, ils défendent par la violence leurs postes. Et gare à celui qui les contrariera. Pour comprendre cette page assez terne de notre histoire, il est primordial d'évoquer succinctement la course au pouvoir à l'aube de l'indépendance. Engagé dans la lutte pour la libération du pays du joug colonial, Ali Mécili, comme tant d'autres, a cru que l'indépendance allait permettre aux Algériens de tourner la page de la longue nuit coloniale. Malheureusement, une catégorie de nationalistes n'a attendu que le départ des Français pour les supplanter. Pour se maintenir, ils n'hésitaient pas à recourir aux procédés les plus vils. Ainsi, les crimes politiques, ou la liquidation des gêneurs, ont commencé à peine l'indépendance recouvrée.
Pour contrecarrer cette dérive autoritaire, des militants épris de justice et de démocratie ont créé le FFS (Front des forces socialistes), en septembre 1963. Dans cette épreuve délicate, deux hommes ont œuvré ensemble afin de sensibiliser les Algériens sur une autre manière de gouverner, celle où le peuple est au cœur de l'édification des institutions. Mais l'alternative proposée par Hocine Ait Ahmed et Ali Mécili était trop idéale pour être choisie. Du coup, pour toute réponse, le régime a recouru sans vergogne à la répression. Treize mois plus tard, les deux hommes sont arrêtés. En sachant que le régime ne tolérait pas une opposition démocratique, il ne leur restait que l'alternative cruelle de partir du pays qu'ils ont arraché à la puissance coloniale. À l'étranger, leur action n'a jamais cessé d'être en faveur du changement en Algérie. Mais, le régime ne voulait pas d'une opposition frontale, même à l'étranger. Dans la nouvelle préface de « l'affaire Ali Mécili », Ait Ahmed rappelle comment le régime a réglé ses comptes avec des Algériens ne partageant pas sa politique. « Ce fut le prélude à une longue liste d'assassinats : Mohamed Khider (janvier 1967) et Krim Belkacem (octobre 1970), deux opposants déterminés qui étaient aussi des chefs « historiques » de la guerre de libération ; le commandant Saïd Abid, ex-maquisard des Aurès promu après l'indépendance à la tête de la 1er région militaire (Algérois, Kabylie), « suicidé » en 1967 dans son quartier général de Blida ; Abdelkader Moulay, plus connu sous le nom de colonel Chabou, ex-sous-officier de l'armée française et cheville ouvrière du ministère de la Défense, victime d'un accident d'hélicoptère en 1971 ; Mohamed Medeghri, le tout Premier ministre de l'Intérieur, lui aussi « suicidé »en décembre 1974. Homme de conviction, Medeghri était aussi animé d'un courage politique qui le poussa à signaler sans cesse au chef de l'Etat Ahmed Ben Bella –qui le limogea début 1965 –les dépassements de son appareil policier. Deux jours avant son « suicide », Medeghri avait confié par téléphone à Claude Julien qu'il se sentait menacé », récapitule Ait Ahmed la série d'assassinats politiques en Algérie sous Boumediene.
Quoi qu'il en soit, bien que les premières années de l'arrivée de Chadli, par effraction certes, au pouvoir soient caractérisées par la mise en sourdine de ces procédés honteux, en 1987, le régime n'hésite pas à recourir au crime politique. Selon la sinistre analyse du régime algérien, Ali Mécili a franchi le rubican. Et pour cause ! Il a réuni deux chefs historiques, Hocine Ait Ahmed et Ahmed Ben Bella, à Londres en 1985 en vue de constituer une alternative à celle du régime en place. Cette démarche –et c'est le moins que l'on puisse dire –a choqué les tenants du régime à Alger. Pour frapper fort Ait Ahmed [malgré les multiples tentatives le visant personnellement, il a réussi à déjouer les plans ourdis par la SM], la sécurité militaire décide d'éliminer physiquement l'organisateur de ce rapprochement. D'une certaine façon, ils ont réussi en ce sens que l'opposition a reçu un coup terrible. Dans le même sillage, ils ont mis un coup de frein aux grands chantiers, lancés de façon simultanée, par Ali Mécili. Car au-delà du militant, il fut présent sur plusieurs fronts (le mouvement des jeunes culturalistes, le FFS, les jeunes réunis autour du MDA d'Ahmed Ben Bella, selon Ait Ahmed). Il fut aussi le fondateur du journal Libre Algérie. Indubitablement, un journal de l'opposition.
Considéré comme une menace à leur régime, les dirigeants d'Alger planifient tout bonnement la liquidation physique de celui qui a cru que le travail politique pouvait amener le changement en Algérie. D'ailleurs, n'a-t-il pas écrit dans sa dernière lettre : « Je meurs pour avoir cru qu'il n'y avait qu'une seule démocratie : celle qui, en assurant le respect des libertés fondamentales, redonne à l'Homme sa dignité et les moyens appropriés pour épanouir sa personnalité. » Cependant, la décision de mettre en œuvre le plan macabre est prise directement à la présidence de la République. L'ancien colonel de la SM, en rupture de ban avec les services, à moins que se soit un rôle théâtral bien interprété, Hicham Aboud, le dit d'ailleurs sans ambages : « À la fin de l'année 1986, une réunion s'est tenue au Palais d'el Mouradia entre Larbi Belkheir (chef de cabinet de la présidence) et Lakhal Ayat (directeur central de la sécurité militaire, alors DCSM). » Lors de cette réunion, la décision d'assassiner Ali Mécili est arrêtée. Un volontaire s'engage à accomplir la sale besogne : Rachid Hassani. « Pour éviter de mouiller directement la Sécurité militaire, il est impératif que le porte-flingue ne soit pas de la maison », explique Hicham Aboud le recours à un truand. Quelques semaines plus tard, Rachid Hassani rencontre un voyou proxénète, Abdelmalek Amellou, à Paris. Le moins que l'on puisse dire c'est que le contrat, pour un truand, est juteux. La tête d'Ali Mécili, celui qui a combattu le colonialisme, est ainsi mise à prix par des Algériens sans scrupules : une somme faramineuse de 800000 francs et un grand appartement à Alger. Toutefois, Rachid Hassani exige que l'argent ne soit remis qu'une fois le crime perpétré. Voilà grosso modo comment le régime d'Alger a procédé pour éliminer un grand patriote pour « ne pas avoir accepté la compromission et le déshonneur dans lesquels se complaisent les plus grands nombres d'élites du Tiers Monde » (dernière lettre d'Ali Mécili).
Cependant, ce jour maudit du 7 avril 1987, Amellou attend sa victime dans le hall de son immeuble. À 22heures 35, Ali Mécili est abattu de trois balles dans la tête. Bien que le tueur ait exécuté son forfait sans ambages, dans sa fuite, il laisse des indices qui vont le trahir plus tard. Pour l'heure, le crime étant orchestré, c'est aux politiques désormais que revient la tâche de gérer cette affaire. Selon Hocine Ait Ahmed : « Dans les heures suivant l'assassinat de cet avocat du barreau de Paris, l'ambassadeur d'Algérie en France recevait un appel téléphonique insolite. Le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua tenait en personne « à assurer que l'Algérie n'avait rien à voir avec cette affaire ». Tout était dit. Et rien n'allait permettre de remettre en cause « ce message » adressé dès la première heure aux autorités algériennes : Paris les couvrait et garantissait leur impunité en les assurant d'emblée qu'elles n'avaient « rien à voir » avec la mort de Mécili. » Quoi qu'il en soit, après les garanties verbales, Pasqua se met au travail. En catimini, ses services expédient l'assassin à Alger. Dès son arrivée en Algérie, Amellou se déplace en Algérie, en toute quiétude, afin de récupérer l'argent promis par les services. Pour ce faire, il se rend à Skikda où l'attendait depuis un moment Mohamed Semraoui, chargé de le prendre en charge.
Toutefois, pendant qu'il séjourne en Algérie, la police française reçoit des informations, certes anonymes, sur le profil du tueur. Elle dispose désormais de tous les éléments permettant d'inculper Amellou. Pour de plus amples informations, la police met également le domicile du truand sur écoute. Quelques jours après, Amellou, en croyant que l'orage est passé, décide de retourner en France. Le 6 juin, il atterrit à l'aéroport parisien. Dans la foulée, la police procède à son arrestation et à celle de sa compagne, une danseuse de cabaret. Là, les enquêteurs tombent sur des documents prouvant la nette implication des services algériens dans le crime du 7 avril 1987. En effet, la police trouve dans le portefeuille d'Amellou l'ordre de mission de la SM algérienne, signé par Rachid Hassani. Et sans les conseils de son secrétaire, cet ordre aurait été signé par le patron des services, Lakhal Ayat. À partir de là, tout va très vite. Le 11 juin, malgré les aveux d'Amellou, le 12 juin, le ministre délégué à la sécurité, Robert Pandraud, signe un avis d'expulsion, vers Alger, de ce dernier. Le 14 juin 1987, bien que des charges pèsent sur lui, Amellou est expulsé en Algérie.
Et quoi qu'on puisse alors épiloguer sur cette affaire, il va de soi que la raison d'Etat a primé sur la justice et la vérité. Partant, ce crime politique est resté, jusqu'au jour d'aujourd'hui, impuni. Bien qu'il y ait plusieurs occasions de faire jaillir la lumière sur ce crime abject, comme en 2008, la justice française n'a pas osé aller jusqu'au bout. D'une façon générale, depuis la disparition de Mécili, le FFS en général et Ait Ahmed en particulier ne cessent d'œuvrer pour que la lumière soit faite sur cet assassinat politique. En effet, les instigateurs [ceux qui sont encore vivants] et son meurtrier doivent répondre de leurs actes devant une justice impartiale. Concomitamment à ce travail, le FFS a toujours suivi la voie de non-compromission voulue par Ali Mécili. Bien qu'il n'ait pas eu la chance de vivre la période d'ouverture, vite refermée suite au coup d'Etat de janvier 1992, le FFS a toujours travaillé pour réaliser le rêve d'Ali Mécili « de voir ériger ses antiques traditions démocratiques au rang d'institutions ». À ce titre, le parcours du parti est irréprochable. Ainsi, en refusant de participer aux élections locales de juin 1990, le FFS avait raison de ne pas servir de torchon sur lequel le régime voulait s'essuyer les mains. En 1991, bien que le FFS se soit démarqué du projet politique du FIS visant à instaurer un Etat théocratique, après le verdict des urnes, il fut quasiment le seul à accepter le choix, certes par dépit, des Algériens. Acteur actif pour trouver une issue à la tragédie générée par le coup d'Etat, Ait Ahmed a été présent, si ce n'est pas lui l'initiateur, à toutes les initiatives susceptibles de ramener la paix en Algérie. En 1999, malgré les promesses d'une élection présidentielle propre, l'armée n'a pas tenu sa promesse. Ait Ahmed, en convainquant les autres candidats, s'est retiré de la course laissant ainsi le candidat de l'armée seul en lice. En 2002, le régime a tenté de dépecer la Kabylie en laissant la région entre les mains des extrémistes. Grâce au FFS, la Kabylie n'est pas livrée aux aventuriers. Cette année, le FFS va participer aux élections législatives de mai 2012 non pas pour se rapprocher du régime, mais pour éviter au pays des menaces de dislocations ou une épreuve de sang que certains éradicateurs appellent de leur vœu.


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