Fuyant le terrorisme, venues d'un peu partout, des familles s'étaient cantonnées dans des habitats de fortune, et n'ont pas cessé, depuis, de demander de l'aide ; y a-t-il une oreille… Implanté dans les années 1990, le bidonville de Chouf Lekdad où vivotent dans des conditions inhumaines des milliers de personnes, est l'autre plaie de la capitale des Hauts-Plateaux, qui est ceinturée par des habitats de fortune, meublant le cadre de certains points de l'agglomération, abandonnée à un triste sort. Dans ce bidonville, les maux sociaux (drogue, alcool, prostitution) empoisonnent la vie des habitants. Le manque d'hygiène a causé et cause encore de graves pathologies aux enfants, parfois «frappés» par des maladies respiratoires. Des habitants ayant fait l'objet de nombreux recensements (en 2000, 2002, 2005 et en 2007 par une commission nationale, puis en 2001) ne cachent pas leur courroux. «Nos gîtes de fortune menacent ruine à tout moment. Nous cohabitons avec les rats, une menace pour nos petits enfants, cela devient impossible. Les promesses des responsables qui se sont pourtant engagés à mettre un terme à une précarité pesante et dangereuse à la fois, ne sont que des vœux pieux», soulignent ceratains habitants. Et d'ajouter: «Fuyant le terrorisme, de nombreuses familles sont originaires de Jijel, Bordj Bou Arréridj, Bousaâda, Babor, Aïn Roua, Bougaâ, il y a même des gens d'Alger et d'Oran. Certains ont fait de la construction de taudis revendus à prix fort, un commerce. N'étant pas dans le besoin, ces veinards érigent leur toit, rien que pour bénéficier d'un logement social dont la revente générera de recettes substantielles. Il faut préciser que ces habitations n'ont jamais été occupées.» Nos interlocuteurs ont apparemment gros sur le cœur. Ils poursuivent en ces termes : «Le silence radio des responsables accentue notre déprime et désarroi. Figurez-vous qu'en cette période hivernale, nos réduits sont inondés à la moindre averse. Ne datant pas d'hier, nos souffrances n'intéressent personne. Avec la manière de faire des autorités, notre calvaire, qui perdure depuis plus de 20 ans, ne va pas trouver le bout du tunnel de sitôt. En sus des conditions de vie difficiles, les problèmes d'eau, l'éloignement des établissements scolaires et le manque de transport mettent leur grain de sel. Le forfait des services sociaux de la commune et de l'action sociale n'arrange pas les affaires de nombreuses familles vivotant au seuil de la misère et de la famine. Effectivement, des familles entières qui sont tiraillés par le dénuement total, ne tiennent que grâce à la générosité de Nes El-Khir (les gens du bien). Il est impossible de vous décrire objectivement et en détail notre supplice qui s'accentue au fil des ans.»