Même si la Cour suprême du Maroc a délibéré en faveur de l'extradition des trois Algériens impliqués dans le détournement des fonds de la BNA, la décision de les renvoyer en Algérie risque de prendre beaucoup de temps, puisqu'elle devra être avalisée par les autorités politiques du royaume. Il faut un minimum d'un mois pour qu'elle soit concrétisée dans les faits, cela si l'arrêt de la Cour suprême n'est pas rejeté. Celle-ci est intervenue après trois mois de procédure durant lesquels les avocats de la banque ont présenté un dossier complet sur les opérations de détournement opérées par le principal accusé, Achour Abderrahame, patron de plusieurs sociétés privées et deux de ses proches collaborateurs et co-associés au détriment de la BNA. Détenus depuis janvier dernier à la prison civile de Salé, près de Rabat, ces derniers ont été arrêtés au début du mois de janvier à Casablanca par la police marocaine, en vertu d'un mandat d'arrêt international lancé contre eux par le tribunal de Sidi M'hamed via Interpol, en décembre 2004. Dans le cas où les autorités marocaines appuieraient la décision de la Cour suprême, un décret d'extradition sera donc signé puis transmis aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères du royaume. Une procédure qui prendra au moins un mois, à l'issue duquel il sera aussi question de définir (entre les deux services de police via leurs bureaux) les modalités policières du transfert des trois prévenus vers Algérie. Dix-sept personnes ont été présentées au parquet dans le cadre de cette affaire en décembre dernier pour, entre autres, détournement de deniers publics. Sept d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt, cinq sous contrôle judiciaire, alors que des mandats d'arrêt internationaux ont été lancés contre quatre personnes en fuite (trois au Maroc et une en Grande-Bretagne). Cette grande opération de détournement a touché les agences de la BNA de Cherchell, Bouzaréah, Koléa, et Zighoud. Elle consistait en l'encaissement de 1940 chèques, d'un montant de 21,7 milliards de dinars, libellés aux noms de sociétés de Abderrahmane Achour et ses associés (dont certaines étaient des sociétés écrans) alors que les comptes de ces dernières n'étaient même pas mouvementés. Pendant près de 5 ans (2000 à 2005), les mis en cause ont ruiné la banque, avec la complicité de certains responsables et cadres de cette institution financière publique dont le silence était acheté avec des cadeaux, sans que les instances de contrôle de celle-ci ne se rendent compte de l'hécatombe.