Le nouveau rapport sur le Sahara-occidental, que le secrétaire général des Nations unies adresse régulièrement aux membres du Conseil de sécurité, est connu depuis vendredi. Mais comme attendu, il ne comporte pas d'élément nouveau, la récente actualité l'en ayant dépourvu, puisque les suggestions, que s'apprêtait à faire, ou déjà faites par le nouveau représentant de Kofi Annan, ont été rejetées. Et que le Maroc s'est gardé de présenter son projet d'autonomie comme il se proposait de le faire, pour avoir essuyé un échec par anticipation. Par le Front Polisario l'autre partie au conflit d'abord, et par Kofi Annan ensuite qui avait déclaré que « l'ONU demeurait guidée par ses résolutions », celles qui avaient été acceptées par les deux parties en conflit, et préconisant toutes le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est donc dans ce contexte que Kofi Annan vient de recommander que le Maroc s'engage, sans conditions préalables, dans des négociations directes avec le front Polisario pour parvenir à une solution au SaharaOccidental. Comme cela se fait depuis 1991, date de la création de la Minurso (mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au sahara-occidental), Kofi Annan suggère également une prolongation pour six mois, du mandat de cette force qui s'achève le 30 avril. Le secrétaire général de l'Onu indique que le but des négociations est de « parvenir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable qui garantirait l'autodétermination du peuple du Sahara-occidental ». Evoquant la Minurso, M. Annan a estimé que la mission « continue à jouer un rôle stabilisateur et de contrôle du cessez-le-feu ». Premier à réagir à ces propositions qui dressent par elles-mêmes, un constat de blocage et surtout de l'incapacité de l'ONU à imposer son plan de paix, le Polisario a rejeté formellement toute négociation avec le Maroc qui « contourne » le référendum d'autodétermination, le plan Baker et le plan de règlement de l'ONU, affirmant que ces négociations « ne peuvent avoir lieu tant que Rabat nie au peuple sahraoui son droit légitime à l'autodétermination ». Selon son représentant à l'ONU, Boukhari Ahmed, ces négociations sont « incohérentes et kafkaïennes » et que tant que le Maroc refuse d'accepter l'autodétermination du peuple sahraoui, ces « négociations n'ont aucun sens ». Le Polisario a insisté sur « l'application du plan Baker ou du plan de règlement de l'ONU » soulevant également « des points positifs dans le rapport du secrétaire général de l'ONU ». « Le Polisario prend note avec satisfaction du fait que le SG de l'ONU a informé amplement le Conseil de sécurité sur les violations des droits humains au Sahara-Occidental par les forces marocaines » et également la considération de « l'illégalité » de la présence du Maroc au Sahara-Occidental. Plus que cela, M. Boukhari a relevé dans le document que M. Annan a indiqué « qu'aucun pays dans le monde n'a reconnu la prétention de souveraineté marocaine sur le territoire », et qu'il « considère, non sans raison, qu'une négociation sur la base de l'autonomie comme le veut le Maroc est une chose à écarter, en ce sens que cela suppose la reconnaissance au Maroc d'une souveraineté sur le Sahara-Occidental qu'il n'a pas ». Le responsable sahraoui a en outre relevé un « signal fort » de l'ONU en direction du Maroc lorsque M. Annan affirme dans ce rapport que son organisation « ne peut endosser aucun plan de paix qui ne prévoit pas, à travers un référendum, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». En ce sens, l'ONU demeure fidèle à sa doctrine, et à ses résolutions reconnaissant toutes le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Cette perspicacité est à saluer, mais l'ONU est en droit d'imposer l'application de son propre plan.