Kofi Annan a réussi à établir dans son document un bon diagnostic sur la situation au Sahara-Occidental, mais il n'a pas donné un bon traitement pour la résolution du conflit. C'est en ces termes qu'a commenté le secrétaire général du Front Polisario, vendredi dans la soirée, le rapport présenté le même jour par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan au Conseil de sécurité de l'ONU. M. Abdelaziz s'est exprimé lors d'une conférence de presse, tenue en marge de la conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui, au salon de Actos del Ateneo de Madrid, a estimé que le rapport de Annan contient « des points positifs » mais maigre en recommandations. Le rapport souligne que la « question du Sahara-Occidental est un problème de décolonisation inachevée », réaffirme que « la solution passe par le respect du principe du droit à l'autodétermination » et note que « le Maroc est responsable de l'échec des plans du Conseil de sécurité, notamment le plan de règlement et le plan de paix sur l'autodétermination du peuple sahraoui ». Comme il « rejette également le projet de l'autonomie », précisant que les Nations unies ne sont pas compétentes pour aborder cette question, étant donné qu'il n'y a aucun pays ou organisation qui reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara-Occidental. Cependant, le peuple sahraoui s'attendait à ce que le SG de l'ONU propose des sanctions à l'encontre du gouvernement marocain, mais rien ne fut. « Face à la situation de blocage (du processus de règlement), dont le Maroc est responsable, nous estimons qu'il est nécessaire que le SG de l'ONU appelle (dans ses recommandations) à ce que des sanctions internationales soient imposées contre le gouvernement marocain jusqu'à ce qu'il accepte de respecter les décisions du Conseil de sécurité relatives à la décolonisation du Sahara-Occidental et à l'autodétermination du peuple sahraoui », a estimé Abdelaziz. Le président de la RASD insistera lors de son discours, qui a failli être perturbé par certains partisans de Mohammed VI qui ont voulu y assister, que « le peuple sahraoui ne se rendra jamais, n'acceptera jamais le fait accompli et défendra ses droit nationaux légitimes ». A une question sur les « négociations directes » que préconise le SG de l'ONU entre le Maroc et le Front Polisario, M. Abdelaziz a souligné que le « problème n'est pas un problème de négociations, mais plutôt d'engagement du Maroc à respecter ce qui est accordé dans les négociations », allusion au plan de règlement du conflit. M. Abdelaziz rejette toute négociation qui se ferait en dehors d'un référendum d'autodétermination. « Le Front Polisario est toujours disposé pour des négociations, mais celles-ci, a-t-il souligné, doivent porter sur l'organisation du référendum d'autodétermination. » Le président sahraoui a, en outre, averti que « l'intransigeance » du Maroc et un « échec » des efforts des Nations unies pour la décolonisation du Sahara-Occidental « pourraient conduire -comme cela s'était produit après les accords de Madrid de 1975 entre le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie- à la la reprise de la guerre ». « Une guerre, a-t-il dit, pour laquelle nous ne savons pas quelles seront ses limites, ni le nombre de ses victimes ni sa durée. » M. Abdelaziz a mis l'accent dans ce contexte « le ras-le-bol » des jeunes Sahraouis dans les territoires occupés en prévenant que « leur réaction pourrait être incontrôlable à l'avenir ». Pour le président de la RASD, « Défendre le peuple sahraoui dans son droit légitime à l'autodétermination, défendre un référendum libre, juste et transparent c'est soutenir la liberté et la démocratie. » Cela étant, la conférence, organisée par la Task Force, CEAS-Sahara et la Fedissah, a vu la participation de plusieurs Eurodéputés, des élus locaux, des maires, des conseillers régionaux et municipaux d'Espagne et du président du Comité algérien de soutien au peuple sahraoui (CNASPS). Lors de son intervention, Mehrez Lamari a souligné le nécessaire « attachement » du Conseil de sécurité des Nations unies à la légalité internationale dans le règlement du conflit du Sahara-Occidental. Mehrez Lamari a relevé, par ailleurs, que le « règlement des différends ne peut se concevoir dans un cadre autre que celui du droit », car, a-t-il dit, le conflit du Sahara- Occidental est un « problème de décolonisation qui est et demeure du ressort strict et exclusif de l'ONU ». Le président du CNASPS a, en outre, dénoncé « l'attitude négative et obstructionniste » des autorités coloniales marocaines .