Un concert exceptionnel a été donné, lundi dernier, à l'Institut Français d'Oran. C'est en effet un véritable moment d'évasion, voire même de «dépaysement musical» que les Ogres de Barback ont offert à la nombreuse assistance venue spécialement pour l'occasion. La salle de l'IFO était à ce point bondée que beaucoup ont dû se résoudre au fait d'apprécier le spectacle debout. Au départ, le concert devait avoir lieu au conservatoire d'Oran, ce n'est qu'à la toute dernière minute qu'un changement intempestif s'est effectué, pour le grand dam des fans qui ont dû se rabattre sur la petite salle de l'Institut Français. D'aucuns du public avaient déjà eu vent de l'existence de ce groupe, tandis que d'autres, ne le connaissant ni d'Eve ni d'Adam, étaient venus justement pour le découvrir. Au final, tous ont quitté la salle, agréablement surpris, ravis de cette soirée qui sort pour le moins de l'ordinaire. «Les Ogres de Barbak» est un groupe de musiciens, composé de quatre frères et sœurs, tous aussi «loufoques» et «dingos» les uns que les autres. Fredo, Sam, Mathilde et Alice (cette dernière ne pouvant être présente pour des raisons d'accouchement, a été remplacée). Si leur prestation musicale a été un moment de dépaysement, c'est qu'ils se sont complu à renouer, peu ou prou, avec les bonnes vieilles habitudes de leurs «aînés» : on sent, effectivement, à écouter ce groupe, l'influence grandissante d'un Brassens, d'un Renaud ou encore d'un Boby Lapointe. Taper sur le bourgeois est leur credo. Et c'est en partie grâce à cela qu'ils séduisent tout un chacun : ces musiciens mettent sous le feu des projecteurs, le Pauvre-Paris, les petits bistrots, les quartiers populaires et populeux, les petites gens en somme, avec leurs déboires, leurs chagrins d'amour, et cela, au détriment des puissants, des biens nantis et des bourgeois… qui en prennent pour leur grade ! Le concert de lundi dernier a d'ailleurs débuté par «comment je suis devenu voyageur», une chanson en référence aux «oiseaux de passage» du poète Jean Richepin. Ainsi, le groupe a, dès le départ, dévoilé au public quelles sont ses origines artistiques. Un hommage a aussi été rendu à Pierre Perret, et cela, par la reprise de la célèbre chanson «Lily» (pour rappel, le groupe a eu, par le passé, à collaborer avec le chanteur Perret pour son album «çui-là», sorti en 2002). Tout au long de leur prestation musicale, où l'humour grinçant se mêlait à l'autodérision avait transparu, ici et là, quelques petites piques à l'ordre établi, et à ce qu'ils appellent la «dictocratie». Les instruments, tel l'accordéon, étaient là pour agrémenter la soirée, la plongeant dans une ambiance «d'antan», où tout n'est que musique, dérision et folie. Cette fratrie de musiciens a ainsi clôturé, par Oran, une mini-tournée algérienne qui l'a menée également à Alger et Tlemcen. Le public a été unanime : vivement que ce groupe revienne… et au plus tôt !