Que fera ce nouvel organisme, dont la création avait été décidée par décret en 2007 ? Un rapport annuel et des recommandations sur l'état de la laïcité en France… Lyon De notre correspondant Lors de l'installation de l'Observatoire de la laïcité, le président Hollande n'a pas manqué de souligner que cet événement intervenait six ans après la publication du décret annonçant sa création. Le chef de l'Etat français a estimé que «la laïcité est depuis plus d'un siècle un pilier du pacte républicain… C'est la liberté de conscience, donc la liberté religieuse dans le respect des droits pour toutes les religions, pour toutes les croyances, de se pratiquer dans le respect réciproque… Faire vivre la laïcité, ce n'est pas seulement la protéger, la préserver. C'est lui donner les moyens d'évoluer et de répondre aux mutations de la société». Plusieurs missions sont assignées à ce nouvel organisme, présidé par l'ancien ministre, Jean-Louis Bianco. «J'ai souvent entendu des élus, des agents publics et privés, et même des représentants des différents cultes, regretter le manque de repères concernant les portées concrètes et pratiques du principe de laïcité», a indiqué le président Hollande, en concluant que la première tâche serait une mission d'information : «Expliquer le principe français de laïcité, répondre aux interrogations légitimes, diffuser l'information dans tous les services publics. Il aura une véritable fonction de soutien et de conseil pour les instances qui en ont besoin. Mais d'abord pour l'Etat, et en particulier pour le Premier ministre, auprès de qui il est placé.» Le deuxième objectif est de le «transmettre». «C'est le rôle des intellectuels, des philosophes. Mais c'est surtout la responsabilité de l'école.» A ce titre, François Hollande a mis en parallèle l'Observatoire et la mission sur l'éduction nationale, lancée en octobre 2012. Les animateurs de cette mise à jour de la laïcité, dans le monde de l'enseignement, remettront prochainement un rapport dans lequel ils actualisent le pourquoi et le comment de l'apprentissage de la morale laïque, dès la rentrée de 2013. «Le Conseil supérieur des programmes travaillera à l'élaboration des contenus de ce nouvel enseignement», a expliqué le président Hollande : «L'Observatoire devra être étroitement associé à ces travaux et surtout assurer leur suivi.» D'autre part, une charte de la laïcité dans les services publics serait adaptée aux établissements scolaires. Elle rendra la notion de laïcité accessible et concrète pour les élèves. «Elle devra être affichée et pourra être jointe aux règlements intérieurs des établissements. Cette charte, prévue pour la rentrée de 2014, sera soumise à l'examen de l'Observatoire.» Enfin, le président de la République a mis cette création en lien avec l'actualité récente de ce qui a été vécu comme des entorses à la laïcité, dans des établissements privés. Pour François Hollande, «les lignes de séparation entre secteur public et privé ont évolué. Il y a donc une nécessité de clarification». Aujourd'hui, a-t-il prôné, la laïcité est «une frontière entre ce qui relève de l'intime, qui doit être protégé, et ce qui appartient à la sphère publique qui doit être préservé. Et comme toute frontière, il n'est pas toujours aisé de la tracer».Bien évidemment, M. Hollande ne pouvait ne pas évoquer la salariée licenciée de la crèche Baby Loup, qui «a soulevé la question de la définition et de l'encadrement de la laïcité dans les structures privées, qui assurent une mission d'accueil des enfants». Cette personne, licenciée pour avoir voulu travailler vêtue du voile islamique a eu gain de cause devant la Cour de cassation. L'arrêt de cette instance avait semé le trouble, et l'idée d'une nouvelle loi pour empêcher le port de signes religieux, dans les structures accueillant du public, avait été évoquée. François Hollande lui-même n'avait pas écarté cette possibilité. En installant l'Observatoire de la laïcité, il lui a intimé l'ordre «d'émettre rapidement, en lien avec le défenseur des droits et en tenant compte des consultations que le Premier ministre aura faites avec l'ensemble des groupes parlementaires, des propositions sur ce point», de savoir ce qu'il fallait faire, c'est-à-dire en clair, légiférer ou pas.