Le député socialiste, Matthias Fekl, a été chargé par le Premier ministre de rédiger un rapport pour préparer plusieurs réformes en matière d'immigration. Il doit d'abord se pencher sur l'un des engagements de campagne de François Hollande : la création d'un titre de séjour pluriannuel, qui se situerait entre les titres actuels de un ou de dix ans et devrait faire l'objet d'un projet de loi au deuxième trimestre 2013. «L'idée de départ est de créer un titre de trois ans, il faut voir si c'est pertinent et ses modalités», a expliqué Matthias Fekl. Le parlementaire doit également réfléchir, en lien avec la garde des Sceaux, à «l'articulation des rôles respectifs des juges administratifs et judiciaires dans le contrôle du droit des étrangers suite aux inquiétudes exprimées concernant la loi du 16 juin 2011», selon sa lettre de mission. Cette loi a notamment repoussé l'intervention du juge des libertés pour les sans-papiers placés en centre de rétention, du 2e au 5e jour après leur placement. Depuis, un quart des personnes placées en rétention sont expulsées sans voir de juge judiciaire, selon les associations de défense des étrangers. Il doit enfin étudier et faire des propositions pour améliorer l'accueil des étrangers en préfecture. Le rapport pourra servir à nourrir le débat sans vote au Parlement sur l'immigration professionnelle et étudiante, initialement annoncée en janvier, mais qui ne devrait pas avoir lieu avant avril, selon le ministère.
- Pas de régularisations massives
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, se montre inflexible face à la grogne croissante des sans-papiers qui demandent à être régularisés, et aux critiques des défenseurs des étrangers qui le pressent de changer de cap. «Nous n'allons pas régulariser 50, 100, 200 ou 300 dossiers parce qu'il y a une action des associations. Il y a des règles, elles doivent s'appliquer.» Et d'appeler à la responsabilité tant les occupations se multiplient. «Je lance un appel à la responsabilité, y compris sur l'action des associations», a-t-il insisté, alors que des sans-papiers, dont certains en grève de la faim depuis 71 jours, investissaient la mairie de Lille. Si Manuel Valls exclut de céder à ces pressions, il promet que les dossiers seraient examinés quand les situations des sans-papiers entrent dans les critères fixés dans une circulaire le 28 novembre (5 ans de présence sur le territoire, des enfants scolarisés depuis trois ans, un travail effectif, etc.). Cette circulaire a semé la discorde entre Manuel Valls et les défenseurs des étrangers, qui avaient fondé de grands espoirs sur l'arrivée de la gauche au pouvoir. «Nous sommes dans la continuité de la politique menée par le ministre de l'Intérieur précédant, Claude Guéant», tranche le président du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), Stéphane Maugendre, dans la lettre hebdomadaire TémoignageChrétien.
- Le pain au chocolat de Copé sèment la zizanie au sein du CFCM
Comprenne qui pourra. Le président du Conseil français du culte musulman, Mohamed Moussaoui, retire sa plainte après avoir rencontré Jean-François Copé dans l'affaire dite du «pain au chocolat». Dans un communiqué, publié conjointement mercredi, MM. Moussaoui et Copé soulignaient que celui-ci «a souhaité apaiser les sentiments des musulmans de France fortement heurtés par la polémique liée au contresens qui a conduit à altérer ses propos tenus au mois d'octobre dernier». Des regrets ? Non, le président proclamé de l'UMP n'en a pas. Dès le lendemain au micro de RTL, il donne sa version, loin de celle du CFCM : «Je n'ai présenté aucune excuse. D'abord, parce que pour présenter des excuses il faut considérer qu'on a commis une faute, ce qui n'est pas mon cas. J'ai simplement voulu rencontrer le CFCM pour lever l'énorme contresens auquel ont donné lieu mes propos.» Une version qui déclenche la colère d'Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, instance du CFCM, pour qui «en raison du double langage de M. Copé, il refuse de retirer cette plainte» qu'il a lui-même déposée. Ancien militant de l'UMP, Abdallah Zekri avait fortement irrité son président en déchirant sa carte d'adhérent sous l'œil des caméras quand Jean-François Copé avait lancé un débat sur la laïcité. Cette discorde arrive au plus mauvais moment. Le président du CFCM (pro-maroc) se serait volontiers passé de la nouvelle zizanie, à la veille de l'accouchement au forceps d'une réforme de sa gouvernance, devenue indispensable sous les coups de boutoir de la Grande mosquée de Paris (pro-Algérie) et de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans). Le nombre de musulmans en France est estimé à 3,5 millions, dont environ 800 000 pratiquants.