«Je ne sais pas si vous vous en êtes aperçus, mais s'il y a un pou, un médiocre, un magasinier, un voleur, un bouffon, c'est toujours un islamiste.» Une déclaration pour laquelle le tribunal d'Istanbul a condamné, lundi dernier, à dix mois de prison avec sursis le célèbre pianiste turc Fazil Say. Ce denier, dont l'athéisme est revendiqué, s'est également moqué sur les réseaux sociaux de l'appel à la prière du muezzin, citant des vers du grand poète persan du XIe siècle, Omar Khayyam. Le pianiste, âgé de 43 ans, ne s'est pas rendu à l'audience de son procès. Il a néanmoins été reconnu coupable d'insultes aux valeurs religieuses d'une «partie de la population». Sa peine ne sera appliquée que si l'artiste récidive au cours d'une période probatoire de cinq ans. Sur sa page facebook, Fazil Say a déclaré : «Je suis très triste de cette décision de justice rendue au nom de mon pays. C'est une déception pour moi du point de vue de la liberté d'expression.» Farouchement opposant aux conservateurs de son pays, Fazil Say ne cesse de clamer son droit à la liberté d'expression. Une liberté également revendiquée par les intellectuels, les militants des droits de l'homme et activistes de son pays qui subissent des poursuites «judiciaires abusives», selon le rapport d'Amnesty International.