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«Nous ne sommes pas obligés de refaire l'histoire à travers le cinéma»
Abdelkader Djeriou. Comédien
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2013

Abdelkader Djeriou est comédien au théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Il a joué le rôle de Me Zertal dans le film Zabana ! et celui d'Akli dans le feuilleton sur Aïssat Idir. Il est engagé dans d'autres projets cinématographiques. Il a mis en scène le spectacle télévisé «Journane el Gosto». El Watan Week-end l'a rencontré à Sidi Bel Abbès, en marge du 7e Festival culturel du théâtre professionnel qui s'est déroulé du 10 au 16 avril 2013.
Sidi Bel Abbès de notre envoyé

-Votre interprétation dans le film Zabana ! de Saïd Ould Khelifa a été saluée par les professionnels. Comment l'avez-vous pris après la projection du film ? Et comment êtes-vous venu au cinéma ?
Avant de jouer le rôle de maître Zertal dans le film Zabana !, j'ai interprété un petit rôle dans Haraga Blues de Moussa Haddad.J'étais le personnage qui a réussi en Algérie. J'ai accepté le rôle, pas par démagogie, mais bien parce que je le pense réellement : je suis un pur produit de l'école et de l'université algériennes et j'ai appris mon métier ici. Donc, on peut réussir dans notre pays. Je voulais travailler avec Moussa Haddad qui, pour moi, est une sommité. Je le connaissais à travers ses films. Ce réalisateur est un excellent directeur d'acteurs. J'ai appris beaucoup de choses auprès de lui.
Pour Moussa Haddad, le scénario n'est pas sacré. Il met l'acteur dans une situation et lui demande de faire des propositions et de changer des dialogues parfois. J'aime bien cette méthode et cette liberté dans la création du personnage et dans la mise en scène. Moussa Haddad crée le feeling entre l'acteur et le metteur en scène. C'est une bonne expérience. Saïd Ould Khelifa m'a contacté une année après une audition pour interpréter le rôle de Me Zertal. Comme c'est un film historique, j'ai demandé à lire tout le scénario pour avoir une idée large sur le film. Je pensais que la scène finale de l'exécution de Zabana durant laquelle Me Zertal se battait contre les gardiens était fictive. Or, je me suis rendu compte que les choses se sont réellement déroulées comme cela.
-Et vous avez rencontré Me Zertal à Alger ?
Il était curieux pour moi de rencontrer le personnage que je joue à l'écran. Habituellement, j'interprète des personnages de fiction. La rencontre avec Me Zertal fut brève. Il m'a dit que pour être un avocat, il faut être un ténor. Me Zertal est petit de taille mais quand il commence à parler vous sentez la présence d'un avocat. Il m'a parlé de ce qu'il a vu lors de l'exécution de Zabana (le 19 juin 1956, à l'intérieur de la prison Serkadji à Alger, ndlr).
Cela m'a donné des frissons. On ne peut pas oublier des moments pareils. Il m'a dit qu'à un moment donné, on ne devient plus avocat mais un être humain. Ce qu'ils ont fait à Zabana est inhumain. Je ne m'attendais pas à ce que mon personnage du film provoque tout cet écho auprès des professionnels. Après ma prestation dans Zabana !, j'ai reçu beaucoup d'offres pour des rôles dans des films. Pour l'instant, je préfère ne pas en parler. Ce que je sais de l'histoire de Zabana vient de ce qu'on nous a enseigné à l'école, c'est-à-dire des généralités ! Je me suis documenté sur ce militant et sur ses compagnons de lutte.
-Et comment était le travail avec Saïd Ould Khelifa ?
Saïd Ould Khelifa ne parle pas beaucoup, mais sait où il va. Il est sévère dans le travail. Sa méthode est de pousser l'acteur à réfléchir, à se casser la tête. Dans la scène que j'ai jouée, il savait bien ce qu'il voulait… Il y a une différence entre le jeu des acteurs maghrébins et celui des acteurs européens. Je l'ai senti lorsque j'ai joué dans un spectacle en Belgique. Le public maghrébin est vivant. Dans le premier quart d'heure du spectacle, il faut s'imposer sur scène et capter son attention. Donc, il faut rentrer avec plein d'énergie et un rythme rapide. Après le quart d'heure difficile, il devient plus aisé de gérer le rythme. Cela est un avantage. Par contre le public européen est là à écouter le comédien. Pas besoin de fournir tant d'énergie pour l'intéresser. En Belgique, j'ai joué avec la troupe française Ultima Chamada, une pièce écrite à partir d'un roman de Rafik Chami sur l'apport de la presse en temps de révolutions.
-Après avoir vu le film Zabana !, étiez- vous satisfaits ou quelque chose manquait-il à vos yeux ?
Les professionnels sont partagés. Certains sont d'accord, d'autres pas. A mes yeux, il y avait des choses intéressantes. Pour les autres aspects, le metteur en scène et le scénariste en sont responsables. Il est impératif de laisser la liberté aux scénaristes pour écrire sur la guerre de Libération nationale et bien rendre hommage aux héros. Sacraliser ou momifier ces héros se fera au détriment de notre histoire. Ces films feront partie, plus tard, de notre mémoire du pays. Les futures générations vont-elles s'identifier à ces œuvres ? Le ministère des Moudjahidine donne de l'argent et les gens du cinéma réalisent des films. Les responsables de ce ministère ne peuvent pas remplacer les cinéastes. Qu'on laisse donc les gens du 7e art faire leur travail ! Et chacun est responsable de ce qu'il fait. Notre crédibilité est en jeu. Si le cinéaste n'est pas libre dans sa pensée, il est impossible que son travail réussisse. Nous ne sommes pas obligés de refaire l'histoire à travers le cinéma. Laissons cela aux historiens.
-Comment était le travail avec Imed Benchenni qui campait le rôle principal (Ahmed Zabana) ?
Imed Benchenni est un acteur que j'apprécie. C'était sa première expérience. Je sais que ce n'était pas facile pour lui, mais je trouve qu'il s'est bien débrouillé dans le film. Il a fait montre d'un grand professionnalisme, n'a jamais raté un jour de tournage. La difficulté pour Imed est après le film. Comment gérer la carrière ? Il faut qu'il aille plus loin, passe à autre chose.
-Avant le cinéma, vous avez entamé votre carrière au théâtre. Comment s'est fait le début ?
J'ai commencé en 2003 au théâtre universitaire à Sidi Bel Abbès avec la troupe El Houyam. A l'époque, nous avons monté la pièce Les fourberies de Scapin de Molière (écrite en 1671 par le dramaturge français) en arabe populaire. Nous avons participé ensuite à un festival en Belgique avec cette représentation. Le théâtre régional de Sidi Bel Abbès m'a fait appel après pour participer à une pièce théâtrale. J'ai travaillé avec Azzeddine Abbar dans A la khotta al ajdad (sur les pas des ancêtres) en 2004, puis avec Mohamed Kadri. Nous avons créé une compagnie conjointe avec une troupe de Tindouf, El Malga, puis monté ensuite En attendant Godot.
En 2007, j'ai été distribué dans la pièce Ghobret el fhama (la poudre d'intelligence) avec Ahcène Assous. J'ai décroché le prix du meilleur jeune talent au Festival national du théâtre professionnel (FNTP) grâce à un rôle dans cette pièce. Je suis fier pour cette distinction attribuée par un jury de qualité composé notamment de Mouna Wassef, Assaâd Ardech et Waciny Laradej. Ce prix est devenu une tradition au FNTP. J'ai été le premier à l'avoir reçu. En 2008, j'ai pris part à la pièce Falsomis mise en scène par Azzeddine Abbar. Cette pièce a décroché le grand prix du FNTP et a été jouée au Festival du théâtre expérimental au Caire et au Festival du théâtre professionnel au Maroc. On m'a fait appel ensuite pour jouer le rôle d'un attardé mental dans la pièce Noun de Azzeddine Abbar à partir d'un texte de H'mida Ayachi.
Pour composer ce personnage, je suis resté avec l'association Niema pour voir de près le comportement des trisomiques. Cette pièce a été présentée en Jordanie et le public a bien réagi malgré qu'elle a été jouée en arabe dialectal. Le grand metteur en scène irakien, Jouwad Al Assaadi, m'a alors salué après le spectacle. En 2010, j'ai eu un rôle dans la pièce Chadhaya (fragments) de Ahcène Assous (pièce composée à partir des textes de Kateb Yacine).
-Que retenez-vous après dix ans d'expérience au théâtre ?
Il faut que je passe à autre chose. Le cinéma m'a ouvert une porte, mais le théâtre demeure ma passion. Je suis en train de créer, ici à Sidi Bel Abbès, une compagnie qui aura pour nom Raï art's. Je veux m'inspirer de la culture raï qui s'est imposée en Algérie et à l'étranger. A ses débuts, le music-hall est apparu dans les restaurants. Des prostituées assuraient alors les spectacles de danse pour attirer les clients. Les créateurs ont adopté cette forme d'expression pour en faire un genre artistique. Le music-hall entrait alors à Broadway. Pendant longtemps, le raï était perçu comme une forme artistique maudite. La littérature algérienne s'est très peu intéressée à cette musique. Idem pour le théâtre. Pourquoi ne pas s'inspirer des codes des chanteurs raï pour écrire des romans et monter des spectacles, bref, en faire un courant artistique.
-Un courant anticonformiste ?
C'est cela. C'est un langage populaire qu'il faut adapter à l'expression artistique. D'où mon idée de créer une compagnie théâtrale pour donner de la valeur à cette musique. Et pourquoi ne pas aller vers des comédies musicales, des comédies romantiques… Le raï évoque l'amour ! Le théâtre reste en retrait.
-Le théâtre actuel ne parle-t-il pas le langage du peuple ?
Non ! C'est un théâtre éloigné de son public. On fait de l'événementiel avec les différentes manifestations culturelles. Je ne suis pas contre qu'on donne de l'argent au théâtre, à condition de voir le résultat, autrement dit, un spectacle qui réponde aux normes.
-Parlez nous de votre expérience à la télévision.
J'ai interprété le rôle de Akli dans le feuilleton sur Aissat Idir réalisé par le jordanien Kamel El Laham (Akli est le père de Aïssat Idir). Je dois bientôt tourner avec lui un autre feuilleton, Forsane el Hoggar. Riad Rejdal, responsable de la télévision El Djazaïria, m'a contacté pour une émission genre «Les guignols de l'info». Nous avons pensé à l'élaborer sous forme théâtrale, d'où le lancement de «Jornane El Gosto», un JT décalé. Nous avons commencé un premier numéro de neuf minutes et sommes allés jusqu'à 20 minutes. Ce JT était diffusé durant le Ramadhan 2012, chaque soir. On rompait le jeûne sur le lieu du tournage. Le travail se déroulait de 16h à 4 h du matin. Comme j'étais le metteur en scène de «Jornane El Gosto», je devais valider tout. C'était une nouvelle expérience pour moi.
Le producteur avait confiance en moi. Après quinze jours, nous sommes allés au centre commercial de Bab Ezzouar, à Alger, les comédiens étaient reconnus par les gens. Ils citaient même leurs surnoms. Nous diffusions des infos en exclusivité, adaptions les articles de journaux comme El Watan et Liberté à la forme théâtrale, critiquions avec humour les hommes politiques et des artistes algériens. Certains n'ont pas apprécié. Le travail était basé sur l'improvisation des acteurs. J'ai tout fait pour éviter la débilité à l'écran. J'ai été aidé par Mourad Souilah et Djahid Dine El Hanani pour l'élaboration du scénario. Normalement, il y aura une saison 2 de «Jornane El Gosto», le Ramadhan prochain. Ici à Sidi Bel Abbès, le spectacle Qahwet El Gosto a affiché complet durant plusieurs jours. Le public connaissait tous les personnages de «Jornane El Gosto».


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