La grève de la faim observée depuis 17 jours, par des milliers de prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, vient de faire une première victime. Il ne s'agit pas de l'un des prisonniers grévistes, mais de la mère de l'un d'entre eux, qui était en grève de la faim en signe de solidarité avec ce vaste mouvement de protestation. Aïcha El Zaben, 55 ans, habitant Naplouse en Cisjordanie occupée, est morte d'une crise cardiaque dimanche. Elle était en grève de la faim depuis 12 jours. Son fils Amar El Zaben figure parmi les prisonniers grévistes. Il a été condamné à 27 perpétuités pour son activité au sein des brigades Ezzeddine Al Qassam du Hamas. Son autre frère Bachar a été tué par les Israéliens lors de la première Intifadha en 1988. Les différents mouvements ont appelé les Palestiniens des territoires occupés, ceux vivant en Israël et dans le reste du monde, à observer une grève ouverte de la faim par solidarité avec les prisonniers. Ce mouvement a été déclenché lundi. L'élargissement de cette grève a pour but de médiatiser le plus possible ce mouvement afin d'attirer l'attention de la communauté internationale, dont la réaction ne peut être qualifiée jusqu'à maintenant que de timide. Le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, l'a accusée d'être indifférente au sort de ces détenus. « Le silence et l'aveuglement dont fait preuve le monde à l'égard des prisonniers palestiniens, en grève de la faim, remettent en question tout le processus de paix au Proche-Orient », a-t-il dit. Les 800 prisonniers de la prison d'Ashkelon, qui avaient suspendu leurs mouvement vendredi, ont décidé, lundi, de reprendre la grève à cause du report à jeudi d'une réunion prévue lundi entre leurs représentants et la direction du pénitencier. Selon certains avocats qui ont pu rencontrer quelques grévistes, la direction pénitentiaire utilise tous les moyens pour casser ce mouvement. Parmi ces méthodes, la coupure du courant électrique dès l'annonce de la grève, les fouilles surprises des cellules et la provocation des prisonniers. Même les médecins participent à cet exercice, en proposant aux prisonniers malades de boire et de manger pour pouvoir être traités. Si aucun accord n'est conclu entre les deux parties, cette grève, qui en est à sa troisième semaine, pourrait avoir des répercussions désastreuses sur la santé de ces milliers de détenus. Par ailleurs, la ville d' El Khalil, dans le sud de la Cisjordanie, a été paralysée par une grève générale des commerces en solidarité avec les grévistes. Des heurts ont opposé des groupes de jeunes armés de pierres à des militaires qui ont tiré des grenades lacrymogènes et des balles caoutchoutées, faisant deux blessés. Des manifestations populaires sont organisées quotidiennement dans différents endroits des territoires occupés. Sur le terrain, une fillette a été gravement blessée par les éclats d'un missile air-sol lancé par un hélicoptère d'assaut israélien contre une voiture à Djenine. A son bord, quatre militants des brigades des Martyrs d'El Aqsa qui ont échappé miraculeusement à une mort certaine.