Malgré l'appel de la Cadc, certains détenus tiennent à marquer la campagne électorale par une grève de la faim. Les détenus de Tizi Ouzou et Bouira devront entamer aujourd'hui leur première journée de grève de la faim. L'action des animateurs et manifestants emprisonnés intervient quelques jours seulement après celle de Béjaïa. Plusieurs prisonniers de la région sont donc résolus à maintenir cette action malgré l'appel de le Cadc qui a tenté hier à travers un communiqué de les faire revenir sur leur décision. «Nous appelons les détenus délégués et citoyens à surseoir à cette action courageuse, mais quand bien même périlleuse pour leur vie», a indiqué le communiqué de la Cadc en ajoutant: «Un pouvoir, qui ne s'embarrasse pas d'assassinats, ne peut être attentif à une action aussi noble que courageuse» Par ailleurs, d'après un membre influent de la Cadc, certains détenus à Béjaïa ont déjà anticipé l'appel de la Cadc. M.Chenafi a, en effet, déclaré: «Encore une fois, le pouvoir s'entête à gérer par la terreur la révolte de la Kabylie. Les détenus arbitrairement incarcérés observeront à Bejaïa, une grève de la faim dans leurs geôles, et ceux de Tizi Ouzou, l'entameront à partir de d'aujourd'hui.» Il n'en demeure pas moins que cette action est appelée à être un des éléments centraux de la campagne électorale dans la région, aussi bien pour les partisans du boycott que pour les partis en course pour les législatives. Cette grève de la faim, qui coïncide avec la campagne électorale ne peut être occultée par les uns et les autres. Elle constitue un grand coup médiatique. D'ores et déjà, les partis participant au scrutin craignent sa portée politique. L'éventuelle détérioration de l'état de santé de certains grévistes, qui seraient résolus à aller jusqu'au bout, servirait beaucoup plus les partisans du boycott. Elle est aussi considérée par certains comme l'ultime contact des détenus avec l'extérieur, cela en pleine campagne électorale ce qui les emmènerait à aller jusqu'aux limites de leur vie. Comment les partis pourront gérer ce fait accompli susceptible de voler la vedette aux campagnes des partis? Jamais une échéance électorale n'a été confrontée à ce genre de situation depuis l'indépendance du pays. En effet, plus de 7 partis sont présents pour les législatives dans la Kabylie, dont certains se sont d'ores et déjà prononcés sur cette action. D'abord le mouvement Islah de Djaballah, qui, à travers son porte-parole M.Djahid Younci, tête de liste à Alger, a affirmé qu'il était «prêt à soutenir par principe, tout Algérien, quelle que soit son appartenance politique, si ce dernier est victime d'injustice et qui se bat pour ses libertés fondamentales (...) mais nous nous tenons prêts tout de même à prendre des positions mesurées si certaines actions porteraient des visées malsaines. Nous n'irons pas jusqu'à signer des chèques à blan». Le porte-parole du RND a, pour sa part, refusé de se prononcer sur la question. M.Chorfi a indiqué que la question mérite d'être posée au chef du parti au cours de la conférence de presse qui se tiendra cette après-midi.