A la tête de la Fédération algérienne de taekwondo (FAT) depuis le 7 mars dernier, le nouveau président, Abdelhak Tiabi (32 ans), ancien président de l'association sportive de Bahdja Sport de Bouira, s'est dit déterminé à relancer véritablement le taekwondo en Algérie. Pour ce cadre en éducation sportive et spécialiste en management, cette discipline vit une situation de blocage. - En succédant au président Mohamed Daïmallah, quel constat faites-vous depuis votre élection ?
En toute sincérité, j'ai trouvé des lacunes, notamment dans le système de gestion. Je ne veux nullement faire le bilan ou le procès de mon prédécesseur, car ce dernier était confronté à une situation de blocage, suite au conflit qu'il l'avait opposé aux membres du bureau. - Vous n'étiez pas à la Fédération algérienne de taekwondo, comment pouvez-vous faire une telle évaluation ?
Je suis non seulement membre de l'AG, mais je suis un acteur de cette discipline vu que je préside l'association Bahdja Sport de Bouira, classée parmi les dix meilleures en Algérie dans cette discipline. - Quel sera votre approche ou stratégie pour le développement du taekwondo en Algérie ?
Il y aura une nouvelle vision qui consiste à développer et relever le niveau de cette discipline. Tout est à revoir pour rattraper le retard, tant sur le plan de la gestion des élites nationales que du système de compétition. Il est temps de relancer le kata qui était au point mort. La formation des entraîneurs et arbitres sera aussi parmi les points forts de notre politique. L'apport de l'expert coréen Yun Chang Youg (9e dan) recruté par l'ancien président est bénéfique à plus d'un titre. On a actuellement 7 arbitres internationaux de niveau C, c'est-à- dire 3e dan. D'ici quatre ans, on compte passer à 20 arbitres mondiaux avec un grade 4e dan. - Le nombre des licenciés est de combien ?
Officiellement il y a 5000 licenciés, mais il n'y en a encore plus de pratiquants à travers le pays qui ne sont pas déclarés. Beaucoup de clubs hésitent à s'affilier en raison de moyens financiers. Il faut revoir en hausse les subventions des associations, tout en mettant à leur disposition des équipements spécifiques. On a des jeunes qui ont un niveau prometteur. Ils ne demandent qu'une meilleure prise en charge.
- Avez-vous espoir que le taekwondo algérien puisse atteindre le niveau international ?
Je suis plus que convaincu que notre taekwondo peut avoir sa place dans le gotha international. Nos voisins marocains, tunisiens ou africains l'ont fait. Pourquoi pas nous ? La différence réside dans le manque de moyens. La multiplication des tournois internationaux est capitale pour nos jeunes élites, avides d'atteindre le sommet mondial. Nos champions immigrés comme El Yamine Mokdad et Linda Azzedine, qui vivent en France, ont montré la voie grâce à une préparation rigoureuse digne de ce nom. - Comptez-vous participer aux prochains Jeux méditerranéens 2013 ?
Non, on fera l'impasse sur ces joutes, car on n'est pas en mesure de viser le podium. On va entamer une préparation périodique pour nos sélections seniors masculine et féminine dans le but de participer aux Championnats d'Afrique prévus au mois de septembre au Caire et les Jeux islamiques qui sont reportés au mois d'octobre, en Indonésie. - Allez-vous remédier aux graves dérives qui commencent à prendre de l'ampleur, surtout lors des compétitions nationales, comme par exemple les agressions des arbitres par des athlètes et dirigeants des clubs ?
Malheureusement, certaines salles de compétition ont connu des scènes de violence. Je saisis l'opportunité pour affirmer haut et fort que ces violences ne se reproduiront plus à l'avenir. Les auteurs de ces dépassements seront sévèrement sanctionnés. On ne badine pas avec la discipline.