Al Di Meola s'est dit impressionné par le public du Dimajazz. «Amazing show», a-t-il dit après le concert Constantine. De notre envoyé spécial Grande soirée de jazz, mardi, au Théâtre régional de Constantine. Deux concerts avec deux grands noms de la scène mondiale : Al Di Meola et Randy Brecker. Les deux musiciens américains se connaissent, le hasard a fait qu'ils se retrouvent en terre algérienne pour célébrer la Journée mondiale du jazz (le 30 avril), à la faveur du 11e Festival international du jazz de Constantine, Dimajazz 2013. La salle était archicomble. Les amateurs du guitariste et du trompettiste américains sont venus de partout assister aux deux concerts événements. A la fin du spectacle de Al Di Meola, une file indienne s'est constituée pour acheter les albums du grand musicien du latin jazz, dont Pursuit of radical rhapsody et All your life. Ce dernier album, que vient de sortir le célèbre studio d'Abbey Road, à Londres, est un tribute aux Beatles. Les deux bras en l'air, Al Di Meola est entré en salle comme un champion de boxe. «C'est un voyage particulier pour moi», a lancé l'artiste, après un accueil chaleureux aux cris de «Al Di Meola ! Al di Meola !».
Crédit Photo : Souhil Baghdadi
Accompagné de Peter Kazsas à la batterie et à la percussion, de Fausto Beccalossi à l'accordéon et Péo Alfonsi à la guitare, il a entamé le concert avec Misterio, extrait de son album The grand passion, puis a enchaîné avec plusieurs autres morceaux, aussi perfectionnés les uns que les autres. Une revue de ses différentes «périodes» musicales. Il a interprété «une suite» composée dans une chambre d'hôtel à Rabat, au Maroc, lors de son passage au Festival Mawazine (Al Di Meola s'est produit en Tunisie et aussi en Egypte). Il a promis de composer un morceau pour l'Algérie.
Al Di Meola a ensuite repris le célèbre double concerto de l'Argentin, Astor Piazzolla, avec un arrangement intensifiant davantage l'âme tango de cette composition sentant les parfums de Buenos Aires. Célèbre par des albums tels que Tango para une ciudad (Tango pour une ville) ou Tango : Zero hour, Astor Piazzolla est l'une des sources d'inspiration de Al Di Meola. L'accordéoniste, Fausto Beccalossi, a même parfois prêté sa voix pour appuyer la mélodie. «Je vais jouer Siberiana, un morceau que j'ai commencé à composer en Sibérie et que j'ai terminé à Miami Beach en Floride», a plaisanté Al Di Meola. Siberiana est un extrait de son album Pursuit of radical rhapsody. La technique, qui a fait la réputation de ce virtuose de la guitare est là, présente. L'esprit latin également. Le jeu est parfois nerveux, souvent sensuel. Crédit Photo : Souhil Baghdadi
Il y a aussi de l'énergie dans la manière avec laquelle Al Di Meola «dialogue» avec sa guitare électrique et les autres instruments. La complicité entre lui et le guitariste sarde, Péo Alfonsi, qui l'accompagne sur toutes les scènes de la planète, était totale. Les deux musiciens se connaissent depuis longtemps. Ils n'ont pas besoin de trop se voir sur scène pour trouver le chemin de la mélodie. Le percussionniste, Peter Kazsas, habitué de l'interprétation des deux musiciens, était, lui aussi, en totale communion avec l'ensemble. Le jazz fusion de Al Di Meola a quelque chose de sucré, incroyablement délicieux. Plus on écoute, plus on en redemande. Al Di Meola, qui a remplacé Bill Connors dans le légendaire groupe de Chick Corea, Return to Forever, dans les années 1970, a une large connaissance de tous les styles qui ont évolué ces quarante dernières années. Cette solide expérience artistique est aujourd'hui reconnue au niveau mondial. Il est invité à tous les festivals de jazz, du Japon au Brésil en passant par la Suisse. Crédit Photo : Souhil Baghdadi
Ce natif du New Jersey, qui a étudié au Berklee College of Music de Boston, s'est fait remarquer par ses solos de guitare à la complexité étonnante. Ses compositions portent autant d'influences latines que méditerranéennes et moyen-orientales. Al Di Meola a accompagné des musiciens de renom, tels que Paco de Lucia ou encore John Mclaughlin, réunis notamment pour l'album live, Friday night in San Francisco. Il a joué aussi aux côtés de Carlos Santana, Bunny Brunel, Paco Pastorius, Lenny White et Jan Hammer. Après une heure et demi de concert à Constantine, Al Di Meola est revenu sur scène dans un bis, inévitable en pareille soirée, pour interpréter un morceau des Beatles. «La musique des Beatles m'a conduit à m'intéresser à la guitare dès l'âge de 9 ans. Elle a eu une grande influence sur moi. Après, ma musique a pris divers chemins, divers horizons. Mon premier maître a été un musicien de jazz. Ma première leçon difficile fut l'apprentissage de la Tarentelle.
Si vous arrivez à l'interpréter correctement, vous développez la technique du picking sur la guitare (une mélodie en 6/8, ndlr)», a déclaré Al Di Meola, lors de la conférence de presse qui a suivi le concert. La Tarentelle est une musique et une danse traditionnelle du sud de l'Italie (les parents de Al Di Meola sont natifs de Naples). Al Di Meola a confié qu'il fallait à tout prix maîtriser la technique avant d'aller vers la composition, la création. «Il faut avoir une vision d'ensemble pour pouvoir sortir toutes les influences. La concurrence avec John Mclaughlin (guitariste britannique, ndlr) était très saine. Je ne voulais pas être le meilleur», a ajouté le célèbre musicien.
Al Di Meola n'a pas caché sa joie de se retrouver au Dimajazz à Constantine. «L'audience était merveilleuse. Le public algérien a bien compris ma musique. Et je suis encore ravi et étonné de constater que ce public connaît bien mes compositions faites depuis plusieurs années. C'est une grande expérience pour moi», a-t-il souligné. Al Di Meola a promis de revenir animer un concert en Algérie.