14 000 sociétés privées assurent l'équivalent de 90% du volume global des importations du pays et dont la facture oscille entre 13 et 14 milliards de dollars par an, selon le ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, invité hier au forum de l'ENTV. La facture du médicament avoisine, à elle seule, les 500 millions de dollars par an. Selon le ministre, « nos besoins en médicaments ne sont pas couverts par la production nationale ». Intervenant sur le sujet de l'accession de l'Algérie à l'OMC, dont l'opinion s'est vite saisie d'un prétendu blocage des négociations, notamment à l'issue de la rencontre en juin dernier à Genève, le conférencier a signalé qu'« il n' y a pas de difficulté autre que celle qui découle de l'acte de négocier ». Il s'agit là ainsi, d'une façon comme d'une autre, de reconnaître au moins que les négociations du mois de juin dernier avec les pays membres de l'OMC ont buté sur quelques pierres d'achoppement concernant un certain nombre d'éléments. Sans le dire complètement, l'orateur indiquera que parmi ces points figure la consolidation des tarifs douaniers pour certains produits. Cette situation pourtant a fait que le dernier round des négociations, qui aurait pu en effet être le dernier avant de voir notre pays amorcer le dernier virage, beaucoup plus technique celui-ci, du processus d'accession s'est vu stoppé par un des 22 pays membres de l'OMC qui n'a pas jugé suffisantes les négociations sur un certain nombre de questions. L'on se demande ainsi où en est-on à présent ? « Nous considérons les négociations multilatérales comme bouclées », a lancé M. Boukrouh avant de nuancer sa réponse : « Elles le seront à l'automne prochain. » Le prochain round des négociations devra être tenu en effet en automne prochain. Mais pas seulement, parce que, selon lui toujours, il va falloir surtout trouver « des accords bilatéraux avec les 22 pays membres de l'OMC » qui sont en négociation avec l'Algérie. « C'est là, la période la plus sensible », a-t-il dit comme pour mieux signaler la dernière étape de tout le processus d'accession de l'Algérie à l'organisation des 148 pays qui régit le commerce international. Cette étape sera sanctionnée par ce qu'on appelle le rapport d'accession qui, pour ce qui concerne les négociations et fort de l'aval bien sûr des instances compétentes de l'organisation, ouvre la première serrure de la porte d'entrée à l'OMC. La deuxième serrure, par contre, concerne bien entendu le Parlement national qui doit se prononcer sur la démarche et la défense des intérêts que sont censés mener les négociateurs algériens, et à leur tête le gouvernement en charge du dossier. Soit. Mais pour revenir sur les éléments ayant eu à faire retarder, côté pays membres de l'OMC, les négociations, M. Boukrouh a annoncé qu'il a été demandé à l'Algérie, en juin dernier à Genève, de ramener les niveaux douaniers pour les produits industriels dans la fourchette de 0 à 15% alors qu'ils sont pour la plupart d'un niveau de 45% actuellement. Au sujet des produits agricoles, les négociateurs des pays étrangers ont proposé à l'Algérie des niveaux douaniers se situant entre 6 et 25%. Ce sont autant d'éléments, selon M. Boukrouh, qui ont nécessité le round prochain des négociations multilatérales en automne à Genève. Un autre sujet, et non des moindres, c'est comment protéger la production nationale. Le conférencier a fait savoir que sur 1600 produits fabriqués localement, l'Algérie, en matière de protection tarifaire, a considéré 227 produits comme « très sensibles ». Comprendre que la protection tarifaire s'appliquera, sinon à l'ensemble de la production nationale à travers les 1600 produits recensés, du moins à ces 227 produits en question. Mais force est de reconnaître, au passage, que ce chiffre avoisine à peine les 15% du total des produits (1600) fabriqués localement. Autrement dit, quelque 85% de notre appareil de production seront livrés à la bataille féroce des géants de ce monde sur l'arène de l'OMC. En tout cas, pour le ministre, « il faut avoir une lecture différenciée sur les tarifs douaniers ». Il affirmera dans ce sens que le pays est arrivé à des « degrés d'accords » avec les interlocuteurs de l'Algérie et, pour finaliser le dossier, des offres révisées en matière de marchandises et des services sont en préparation actuellement pour être soumises en automne prochain à négociation. Notons enfin que le ministre a annoncé que « le gouvernement ne veut pas ouvrir le secteur audiovisuel ». « C'est une résolution du gouvernement algérien de ne pas le proposer à l'ouverture », a-t-il dit.