Le gouvernement a atteint l'un de ses objectifs en réduisant la facture des importations. La chute du prix du pétrole ne permet plus à l'Algérie d'importer sans compter. C'est ce qui a conduit le gouvernement du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à prendre des mesures pour réduire la facture des importations. Il a fallu imposer le crédit documentaire comme seul mode de paiement des importations pour que les importateurs prennent conscience du fait que le gouvernement n'était pas en train de prendre le problème du commerce extérieur à la légère. Auparavant, il y avait aussi l'imposition d'associer le capital algérien à hauteur de 30% dans les sociétés d'importation étrangères. La loi de finances complémentaire de 2009 a aussi instauré une nouvelle disposition. Seuls les employés habilités par les entreprises sont autorisés à effectuer les formalités auprès des banques et des Douanes. Même l'administration des ports s'est mise de la partie en transférant le débarquement des marchandises non conteneurisées vers d'autres enceintes que celle d'Alger. Après le succès de l'opération de réduction de transfert des devises à l'étranger, le gouvernement doit penser à passer à une seconde étape. C'est celle de stimuler l'appareil national de production. Et c'est la tâche la plus difficile. La réduction des importations a touché de nombreux domaines. C'est le cas pour les produits alimentaires, les médicaments et les véhicules. Les chiffres sur le commerce extérieur arrêtés au mois de novembre dernier en témoignent. La facture des importations des produits alimentaires a atteint 384 millions de dollars. Elle était de 572 millions de dollars le même mois de l'année écoulée, soit en baisse de 32,87%. Seul le sucre a échappé à cette règle. Les importations de ce produit ont augmenté de 64,58%, passant à 79 millions de dollars contre 48 millions de dollars. Les autres produits ont affiché des baisses. C'est le cas pour les viandes (-72,22%), en passant de 18 millions de dollars en novembre 2008 à seulement 5 millions de dollars à novembre 2009. La facture du lait et produits dérivés s'est établie à 28 millions de dollars, contre 74 millions de dollars soit une baisse de 62,16%. Les céréales ont enregistré une baisse de plus de 61%, chutant à 106 millions de dollars contre 272 millions. La baisse de la facture alimentaire a touché aussi les importations des légumes secs (-22,5%), passant à 31 millions contre 40 millions de dollars, ainsi que les importations du café et thé (-20,83%) qui sont passées à 19 millions de dollars contre 24 millions de dollars le même mois de l'année écoulée. La réaction du marché à ces ajustements des quantités importées a été immédiate. Ce sont les prix qui se sont envolés. Cela s'est vérifié pour les légumes secs. Il ne s'écoulera pas beaucoup de temps avant que le prix des autres produits ne suivent la même tendance. Cela menacera du même coup le pouvoir d'achat des travailleurs qui ne sont déjà pas gâtés par l'inflation. L'effet des augmentations du Snmg sera vite épongé par cette vague de hausse des prix. Le gouvernement ne peut rien contre ce phénomène. Au mieux, il sera amené à imposer par le biais de la loi un plafonnement des marges. Mais qui contrôlera les commerçants dans un pays où même les prix ne sont pas affichés? Même les produits vitaux comme les médicaments ne sont pas épargnés par la réduction de la facture des importations. Ils ont connu une régression de 12,12%, passant à 116 millions contre 132 millions de dollars. Cette tendance a été également enregistrée pour les véhicules de tourisme, dont les importations ont baissé de 43,61%, passant à 75 millions de dollars contre 133 millions de dollars. Pourtant, il n'est pas exclu que les Algériens rivalisent d'ingéniosité pour contourner les mesures gouvernementales. Le moyen le plus simple est de procéder à des importations non déclarées, cela se pratique déjà dans certains secteurs comme le textile. Les importations globales de l'Algérie ont atteint 35,27 milliards de dollars durant les onze premiers mois de l'année en cours contre 36,05 milliards de dollars réalisés à la même période de 2008, en baisse de 2,17%.