Je déplore que des politiques français ne puissent pas encore dépasser les contingences coloniales pour nous rappeler les vertus de la médecine française », a déclaré, hier à Alger, Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président Bouteflika et également secrétaire général du FLN. Cette déclaration vient en réponse aux derniers propos du premier diplomate français, Philippe Douste-Blazy, qui a appelé dimanche dernier le président Bouteflika à ne pas « galvauder » le terme génocide. Lors de sa visite de travail le 16 avril à Constantine, le chef de l'Etat a qualifié la colonisation française de « génocide contre l'identité algérienne ». M. Douste-Blazy a indiqué, en outre, qu'au-delà de ses propos sur la France, M. Bouteflika « apprécie » la médecine française. Allusion faite à la dernière l'hospitalisation de 48 heures du chef de l'Etat à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce (Paris), qui a été vivement dénoncé par nombre de politiciens français de gauche comme de droite, en premier lieu, Jean-Marie Le Pen du Front national. S'exprimant en marge de l'installation du club de presse du FLN, M. Belkhadem leur répond en disant que « certains nostalgiques de l'Algérie française sont en train de faire l'apologie d'un passé colonial qui ne peut qu'être condamné par tout le monde ». Visiblement chargé de répondre à ces attaques verbales contre le Président, M. Belkhadem ajoutera : « Ce n'est pas à M. Douste-Blazy, ni à Nicolas Sarkozy, ni encore moins à Jean-Marie Le Pen de nous donner des leçons d'histoire. » « Au lieu d'avoir honte de leur passé colonial, poursuit-t-il, ils s'enorgueillissent de ce celui-ci. » Revenant sur la médecine française, M. Belkhadem précisera que « le savoir est universel et profite à l'humanité ». Continuant sur sa lancée, le SG du FLN trouve que le nombre de médecins algériens qui exercent dans les hôpitaux français montrent que cette médecine « n'est pas seulement française ». « Nous les avons supportés pendant 130 ans, qu'ils supportent notre Président pendant 48 heures. Et puis, nous ne les avons pas invités en 1830... », a-t-il encore lâché. Le représentant personnel de Bouteflika a indiqué toutefois que « nous n'avons ni haine ni rancoeur envers la France et son peuple ». Selon lui, l'Algérie veut que ses relations de partenariat avec la France soient fondées sur la base d'un respect mutuel, de souveraineté et de partage d'intérêts, sans pour autant oublier le devoir de mémoire. M.Belkhadem a cependant appelé les Français à assumer leur passé colonial. Car, d'après lui, le traité d'amitié ne verra pas le jour avant que la France reconnaisse ses crimes coloniaux. N'ayant cependant pas été clair sur le retour (ou pas ?) du président Bouteflika au pays après sa dernière hospitalisation en disant qu'« il va bien et vous allez le voir à la télé lorsqu'il y aura des activités officielles », M. Belkhadem a indiqué que « le temps du paternalisme est fini ». « Le partenariat, précisera-t-il, n'est pas seulement l'achat et la vente de produits, mais il y a aussi le côté historique et la libre circulation des personnes ». Selon lui, le traité d'amitié sera signé « le jour où les Français répondront à nos conditions », soulignant que « nous ne sommes pas une quantité négligeable ». Il a évoqué au passage le traité d'amitié franco-allemand et l'acte de repentance fait par l'Etat allemand. Par ailleurs, le SG du FLN trouve que la condamnation des journalistes est déplorable. « Nous sommes contre les délits d'opinion. Et les gens de la presse doivent faire la différence entre la diffamation et l'opinion », a-t-il déclaré. Il estime que la vacance du portefeuille du ministre de la Communication n'entrave en rien le travail journalistique. « En tout cas, le FLN n'est pas le gouvernement », a-t-il ajouté.