Les commentaires français sur le contrôle médical de Bouteflika à Paris ont irrité le secrétaire général du FLN. Abdelaziz Belkhadem n'a pas pris de gants pour répondre aux commentaires de certains politiques français. Il s'est attaqué violemment à Douste-Blazy en disant que «la diplomatie française nous avait habitués à plus de compétence, à plus d'objectivité; nous regrettons le comportement émanant d'un responsable politique qui occupe un poste aussi important». Bien sûr, il s'adresse au ministre français des Affaires étrangères qui a fait une déclaration sur «le génocide identitaire» dont a été victime l'Algérie pendant 132 ans - tel qu'exprimé par le président Bouteflika lors de sa visite à Constantine - avant de se rendre à Paris pour un contrôle médical. Douste-Blazy a été relayé par le président de l'Assemblée française, Jean-Louis Debré, ainsi que par le patron de l'extrême droite Jean-Marie Le Pen. A l'unanimité, ils ont reproché à Bouteflika de tels propos alors qu'il venait chez eux pour leur médecine. Le secrétaire général du FLN, qui est en même temps représentant personnel du président de la République, a saisi l'occasion de l'installation du Club de la presse, hier, pour donner une réplique à la mesure des écarts de langage. «Ni Le Pen, ni Douste-Blazy, ni Sarkozy ne peuvent nous donner de leçons», dit-il en substance. «Un responsable politique français a dit : lorsqu'on visite Alger, on ne trouve pas que la torture», rappelle-t-il avant de l'inviter à visiter l'Algérie profonde «où chaque rocher, chaque maison, chaque motte de terre porte encore des séquelles du colonialisme. Nous n'acceptons pas qu'ils portent atteinte à nos martyrs. Comme nous n'acceptons pas les mensonges». Voilà qui est clair. «Ils devraient avoir honte du colonialisme au lieu de lui trouver un côté positif (...) Nous ne les avons pas invités à venir nous coloniser en 1830», enchaîne-t-il. «Laissons-les s'excuser puis on parlera du traité d'amitié». Il rappelle que l'Allemagne s'était excusée auprès des Français avant de signer un traité d'amitié. «Mais nous ne sommes pas une quantité négligeable. Quand ils auront assumé leur passé, nous discuterons du traité et nous irons très loin avec eux pour établir des rapports de souveraineté mutuelle, sur la base des intérêts bien partagés. Nous voulons dépasser la contingence coloniale.» Quant à dire que la médecine française est la preuve par cinq que Bouteflika se contredit en insultant le colonialisme et en allant se faire soigner chez ses anciens colonisateurs, le raccourci est inacceptable. Il répond : «La science est universelle. Nous avons de bons médecins et de bons hôpitaux. Mieux, les médecins algériens dans les hôpitaux français sont nombreux, s'ils ne sont pas majoritaires». Sur un tout autre registre, Belkhadem s'est prêté au jeu des questions-réponses de journalistes en évoquant les questions de l'heure. Sur la révision de la Constitution, il indique que la mouture du FLN sera prête dans peu de jours, qu'elle sera étudiée par le secrétariat de l'instance exécutive avant d'être présentée au président de la République. Il refuse de limiter le débat sur la révision à un détail lié au mandat présidentiel. Il veut élargir le débat sur la nature du régime, sur le contrôle, sur les prérogatives de chaque institution, etc. Il répond également à la question relative aux prisonniers de Guantanamo en disant: «L'Algérie défendra ses ressortissants où qu'ils soient». Il a refusé toutefois de répondre à une question relative au président, formulée sous sa forme la plus simple: «Où est le président?» Mais le débat du jour n'a pas eu lieu. Le FLN a annoncé donc la création d'un Club de la presse qui «sera un espace de rencontre entre les journalistes pour s'échanger des informations et des idées». Interrogé sur le portefeuille vacant du ministre de l'Information, il a répondu par une autre question: «N'êtes-vous pas plus à l'aise sans ministre?»... Applaudissements. Selon Belkhadem, ce Club «ne sera pas un porte-voix du FLN, ni une sorte de monopole aux seuls militants.Il sera un lieu de rencontre pour tous les journalistes. Cet espace est utile pour échanger et faire circuler les idées qui intéressent le citoyen». Il tient à apporter une précision: «Toute idée est bonne à prendre. Il n'y a pas d'idées bonnes ou mauvaises. Elles prennent une valeur dès qu'elles trouvent preneur». Il ne veut pas non plus que le Club soit un cercle d'initiés parce que les militants n'ont pas besoin d'un club pour se rencontrer. Il sera autant utile aux autres partis et associations. Reste la question pertinente: est-ce que cette vision - celle de Belkhadem - est partagée par ceux qui seront appelés à gérer ce club?