La réforme du marché financier en Algérie a considéré le volet «Formation-Communication» comme un axe stratégique et prioritaire dans les cinq chantiers engagés à ce jour : Métiers, émissions, institutions, systèmes et formation-communication. Concernant l'axe «Formation-Communication», il se dégage, des premiers résultats des travaux de la première phase de la réforme du marché financier «évaluation-conception», un «GAP» très important entre les besoins de la place financière et l'analyse des programmes enseignés, la logique et la stratégie suivies par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS). Malgré la répartition, la place et la présence des universités algériennes à travers le territoire national, l'enseignement supérieur des services d'investissements financiers restent en deçà du niveau professionnel requis pour son développement. Le réseau constitué par les 47 universités algériennes est un atout favorable pour servir de support de formation et de communication nécessaires au développement des services d'investissements financiers dans chaque wilaya du pays. Il s'agit donc de proposer des pistes de réflexion : • afin d'améliorer la qualité de l'enseignement supérieur, de le réorganiser et d'adapter les filières concernées aux besoins de la place financière, • d'organiser une certification par l'autorité de marché (Cosob) afin de permettre aux enseignants et étudiants d'exercer et développer les services d'investissements financiers dans leur wilaya. La stratégie d'amélioration et d'adaptation de l'enseignement supérieur vise à former donc en graduation et post-graduation des cycles de cours en LMD requis par «métier-titre». Cette formation de base par «métier-titre» donne la possibilité à l'étudiant et l'enseignant d'exercer l'activité de service d'investissement financier au niveau de sa wilaya après une certification de l'autorité de marché au sein d'une banque ou à titre individuel (remise d'une carte professionnelle). Rappel des principaux résultats des travaux : à ce sujet, il est proposé une démarche temporelle de développement des services d'investissements financiers en Algérie basée sur la reconnaissance des «métiers-titres» et la certification de son exercice à travers le territoire national. Cette démarche temporelle est présentée en trois principales étapes avec les priorités suivantes : -1. Développer d'abord les opérations financières et rendre accessible le marché aux épargnants : pour cela il faut encourager les conseillers en placement de produits financiers et les analystes financiers à travers le territoire national. -2. Sécuriser le marché en protégeant les épargnants, les investisseurs, les sociétés cotées et les sociétés de services : pour cela il y a lieu de former des spécialistes des risques et des spécialistes de la complaisance. Ce qui permet aussi d'organiser le «middle-office» et les centres de contrôles internes des entreprises de services d'investissements financiers. -3. Dégager des ressources de liquidités grâce au développement des banques d'affaires qui sont appelées à accompagner les entreprises dans la recherche de financement, contribuer à la création et extension des entreprises et enfin encourager la création de la richesse et de la valeur. -4. Les autres métiers (gestion de portefeuilles, négociateur,…) seront favorisés par la dynamique du marché financier en Algérie, qui est appelée à converger avec les marchés du reste du monde à moyen terme. Démarche à suivre Nous retenons principalement la priorité accordée à la mise en place de la formation et la certification des conseillers en placement des produits financiers et des conseillers financiers. En effet, dans la situation actuelle du marché financier en Algérie, ces deux aspects sont très importants pour accompagner le développement du marché. Ils ne sont assurés aujourd'hui que partiellement par les agences bancaires à travers le territoire national. Dans les marchés émergents, ils sont aussi connus sous la forme de gestion de patrimoine (private banking) et conseillers clientèles. En Algérie, les banques privées et publiques se sont familiarisées avec les procédures d'émissions et de placement sur le marché primaire au grand public et aux institutionnels. Pour cela, elles font partie du Syndicat de placement et engagent leurs agences locales dans l'opération de placement des produits financiers émis par les sociétés émettrices. Cependant, nous savons que les banques disposent d'une agence ou deux (voire trois) seulement au niveau du chef-lieu de chaque wilaya d'une part et que d'autre part le travail d'information sur l'opération est surtout réservé à la clientèle au sein de l'agence. La force de vente des agences bancaires à travers le territoire national ne peut donc pas couvrir toute la demande potentielle de placement dans les produits financiers et intéresser la forte masse d'épargne hors banque disponible chez le grand public. Intervention du conseiller en placement et de l'analyste financier à l'interieur du pays (au niveau local) Les services bancaires ont donc besoin d'un relais et un prolongement dans le grand public en tant que conseillers en placement et/ou analystes financiers à travers le territoire national. Afin de répondre à ce besoin réel de dynamisation du marché, il y a lieu d'agir sur l'environnement local des agences bancaires par les actions suivantes : • Définition et reconnaissance de chaque métier en fonction des risques et des compétences requises • Stratégie de formation universitaire adaptée aux besoins de chaque «métier-titre» (programme, durée, conditions…) • Certification de l'exercice des métiers et des services d'investissement financiers par l'autorité du marché financier au niveau local. • Remise de cartes professionnelles aux conseillers en placement et/ou aux analystes financiers. Pour cela, il est proposé de favoriser la création d'un pôle d'ingénierie financière au niveau de chaque université autour des enseignants et étudiants en post-graduation des modules de finances, économie, commerce et management. L'organisation et l'identification d'un tel pôle permet à l'autorité de marché : -1. De pouvoir les associer aux regroupements périodiques nationaux en présence des experts, des associations et bureaux nationaux et étrangers. -2. Leur fournir les supports pédagogiques requis pour la formation par métier. -3. Les associer à la réforme du marché financier -4. Les informer des nouveautés et actualiser leurs connaissances. -5. Organiser la certification et fournir les cartes professionnelles
Il reste à règlementer leur intervention auprès du grand public par le contact et l'information des épargnants afin de les aider à forger leurs opinions. Il y a lieu d'examiner aussi la possibilité d'accompagnement des clients jusqu'à l'agence bancaire pour ouvrir les comptes nécessaires, renseigner l'ordre d'achat et bloquer les ressources. La rémunération du conseiller en placement et de l'analyste financier doit être règlementée, affichée et connue, à préciser avant leur autorisation (sous forme de commission ou sous d'autres formes à payer par l'agence bancaire ou par le client). Conclusion-recommandations A ce stade de réflexion, la demande de formation en services d'investissements financiers est donc relativement identifiée. Il reste à définir les produits sous forme d'offre de formation par «métier-titre» au niveau de toutes les universités. Si cette approche est retenue par la place, il suffit d'engager ce chantier en exprimant clairement cette demande de formation aux services pédagogiques du MESRS. Ce qui constitue une opportunité pour mettre en place le cadre idéal d'encouragement et de valorisation des compétences locales et les engager dans la réforme du marché financier. C'est aussi l'occasion de passer d'une perception réduite de la Bourse d'Alger à une perception plus large de la Bourse d'Algérie.