Une fois de plus, le vieux parti marocain de l'Istiqlal a repris son ancienne rengaine pour demander, par le biais de son secrétaire général, la «restitution» de Tindouf et Kenadsa. Il n'a pas raté, par la même occasion, de critiquer au passage le soutien de l'Algérie au Front Polisario et à la cause sahraouie. Le procédé est tellement éculé que l'on aura compris qu'à travers ce responsable, connu pour être «plus que proche» du palais royal, ce qui dérange aujourd'hui Rabat, et le makhzen particulièrement, c'est d'abord la position algérienne vis-à-vis de la question de la décolonisation du Sahara occidental et la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés par le Maroc… Une situation qui alerte non seulement les ONG internationales, mais aussi celles du royaume, à l'instar de l'Association marocaine des droits humains, suite à la répression des manifestations sahraouies à El Ayoun, le lendemain du vote par les Nations unies d'une résolution «bafouée, comme l'a souligné le Front Polisario, moins de 48 heures après son adoption». La sortie du représentant de l'Istiqlal n'est pas fortuite. C'est sans doute là le coup d'envoi d'une campagne de presse contre l'Algérie, comme on en voit de manière épisodique dans le royaume de Mohammed VI. On l'a vu récemment encore, quand le département d'Etat avait quelque peu durci le ton sur la question du respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés et de quelle manière le palais royal avait «sonné le rappel», y compris de l'opposition face à la «menace extérieure» qui planait sur le Maroc. A ce moment-là aussi, l'Algérie a été la cible d'attaques en règle de la part du makhzen et de ses relais dans les médias. Dans l'art consommé de détourner l'attention de l'opinion publique des problèmes internes, l'un comme les autres excellent depuis longtemps dans la diversion. Et ce, d'autant que la conjoncture économique et sociale est loin d'être favorable. Devant l'accumulation des déficits budgétaires et la raréfaction des ressources financières, le palais royal vient tout simplement de geler tous les investissements pour l'année en cours. Une décision qui risque d'augmenter l'austérité qui pèse lourdement sur les populations marocaines. Un sentiment d'exaspération est d'ailleurs assez perceptible chez les fonctionnaires ou les diplômés au chômage. Face au bouillonnement social, la diversion se décline sur les thèmes de la menace extérieure, l'intégrité territoriale et l'unité nationale, etc. C'est dire que l'Algérie reste, pour Rabat, la «cible privilégiée», sans pour autant négliger le lobbying au niveau international pour maintenir intacte l'image du royaume et dans lequel les lobbies sionistes prennent une part non négligeable, comme on a pu le voir récemment encore en Afrique de l'Ouest notamment.