Abbas Al Fassi, ministre d'Etat et vice-chef du gouvernement marocain, a affirmé que son pays réglera le conflit sahraoui à sa manière, si l'Algérie et le Front Polisario continuaient de refuser de s'asseoir à la table des négociations. Intervenant à l'occasion du congrès de son parti Istiqlal, Abbas Al Fassi a confirmé la position officielle du Maroc, consistant à refuser de considérer la question du Sahara Occidental comme un conflit avec le Front Polisario, mais le présentant comme un contentieux algéro-marocain né de la guerre froide, en exigeant la participation de l'Algérie aux discussions de paix, faute de quoi Rabat imposera sa solution. Usant d'un ton menaçant, le numéro deux du gouvernement marocain et secrétaire général du parti Istiqlal avertira que si l'Algérie persistait à “fermer la porte du dialogue et à rejeter une solution politique négociée du problème sahraoui comme le souhaite la communauté internationale, le Maroc prendra les mesures nécessaires pour appliquer l'autonomie dans nos provinces du Sud”. Reprochant à l'Algérie de s'accrocher à une position qui n'évolue guère, et d'agir comme un ennemi du royaume alaouite dans cette question relevant de son intégrité territoriale, Abbas Al Fassi estimera qu'il s'agit d'une “escalade qui ne tient pas compte des conséquences négatives sur les intérêts vitaux et les peuples de la région”. Continuant sur sa lancée, le ministre d'Etat marocain déclarera que la persistance de l'Algérie dans cette politique constitue le handicap dans la voie de l'édification de l'Union du Maghreb arabe, l'objectif stratégique des peuples de la région. Changeant subitement de ton, Abbas Al Fassi lancera un appel en direction de l'Algérie “sœur” à ouvrir sa frontière fermée avec le Maroc. Il demandera également à l'Algérie de cesser d'empêcher le royaume marocain de concrétiser son droit “sacré” de préserver son unité territoriale. Le patron du parti Istiqlal émettra le vœu d'ouvrir une nouvelle page dans les relations algéro-marocaines, dans le but de raffermir la coopération dans tous les domaines. Ce discours ambivalent dénote de l'inconstance de la position du Makhzen sur la question du Sahara Occidental et son incapacité à bien cerner le sujet. Alternant le chaud et le froid, les autorités marocaines multiplient les initiatives ces dernières semaines dans l'espoir de donner du crédit à leur projet d'autonomie pour le Sahara Occidental. Ces nouvelles déclarations entrent dans ce cadre et visent à forcer la main à l'Algérie, dont la position constante sur la question dérange énormément le palais royal. Cette menace ne représente en fait qu'une quête d'un alibi pouvant justifier la décision, déjà prise, par les autorités marocaines de n'accepter aucune autre solution au conflit sahraoui que celle de l'autonomie. Une manière comme une autre de détourner l'attention du droit du peuple du Sahara Occidental à exercer son autodétermination, tel que stipulé dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. K. ABDELKAMEL