Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) change de président. Et il prendra peut-être une nouvelle trajectoire politique. L'élection, samedi dernier, de Abderrazak Mokri, 53 ans, à la tête du parti en remplacement de Bouguerra Soltani, dont le mandat a expiré, est un message clair que viennent d'envoyer les militants de cette formation à l'issue de son cinquième congrès. Ils ont, à la majorité écrasante (177 voix contre 65 seulement pour l'ancien président du conseil consultatif du parti, Abderrahmane Saïdi), opté pour la ligne radicale, prônant la rupture totale avec le pouvoir. Et le symbole de ce courant est bien sûr Abderrazak Mokri qui ne cesse, depuis quelques années déjà, d'œuvrer pour «le retour à la ligne originelle du MSP». Il serait même à l'origine du divorce du parti avec l'Alliance présidentielle (RND, FLN et MSP) créée à la veille de l'élection présidentielle de 2004 et qui a été la victime principale du Printemps arabe. Le désormais président du MSP était aussi parmi le groupe qui a exigé et obtenu du conseil consultatif le retrait du parti du gouvernement, au printemps 2012. Il était également l'instigateur de la fronde contre Bouguerra Soltani pour le contraindre à choisir entre son poste de ministre et la présidence du parti. Ce changement de position est bien antérieur à cette date. Il a commencé à se dessiner au sein du MSP au début des révoltes populaires dans les pays arabes. Abderrazak Mokri est l'un de ses artisans. L'on se souvient qu'à la veille de la marche du 12 février 2011 à laquelle avait appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), Abderrazak Mokri avait annoncé sa participation. L'annonce a été suivie par une levée de boucliers au sein du parti, dont le président, Bouguerra Soltani, qui «voulait prendre le pouvoir en 2012». Abderrazak Mokri a été vite rappelé à l'ordre et a fini par céder à la pression, sans toutefois abandonner son «projet» visant à mettre un terme à la politique de l'entrisme épousée par la formation islamiste depuis 1995. Pour lui et ses nombreux partisans, il n'est plus «possible» de servir d'allié au régime alors que dans des pays voisins, les Frères musulmans (courant dont se revendique le MSP) ont profité des révoltes populaires pour accaparer le pouvoir. «Le rêve islamiste est donc réalisable en Algérie», pense la ligne radicale du MSP. Mais à condition de s'inscrire pleinement dans l'opposition. C'est ce que fera probablement Abderrazak Mokri, qui a obtenu un quitus de la base du parti.