A l'occasion de la sortie de son livre, Algérie, une guerre sans gloire. Histoire d'une enquête (éditions Chihab 2006), les éditions Chihab (Alger) ont accueilli hier Florence Beaugé, journaliste au quotidien Le Monde, pour présenter son ouvrage. Ouvrage qui traite de la torture durant la guerre d'indépendance de l'Algérie (1954-1962), qui demeure à ce jour un tabou, notamment du côté de la puissance colonisatrice. L'intervenante a qualifié son entreprise de catharsis pour elle et sa famille dont une partie de ses membres a été partie prenante de « la guerre d'Algérie ». Aussi, elle relève que les victimes de la torture rencontrées « n'éprouvent ni haine ni rancune à l'égard de leurs bourreaux, sauf une personne qui refuse de pardonner et d'oublier. Elles souhaitent seulement que la France reconnaisse les faits ». Ainsi, « reconnaître ces faits est le minimum que peut leur accorder la France ». D'autant que ces victimes « ne réclament pas vengeance ». Florence Beaugé dira que son initiative quant à écrire ce livre lui a permis d'« apprendre beaucoup de choses sur la nature humaine et sur ma nature ». Aujourd'hui, « des gens, que ce soit du côté français ou algériens, sont prêts à parler » de cette période tragique commune. L'auteur a rencontré victimes et bourreaux. Des témoignages qu'elle a traités « avec distance ». Si les victimes ne vouent aucune vengeance en conséquence sans pour autant oublier, des bourreaux persistent à nier les faits, à l'exemple du général Bigeard. Certains n'éprouvent même pas de remords, ils ont la conscience tranquille, comme le général Schmitt, ancien chef d'état-major des armées, et le général Aussaresses. Ainsi que Jean-Marie Le Pen. Le général Massu, de son côté, a exprimé des « regrets ». De par ce livre, à entendre son auteure, la torture ne constitue pas des « bavures ». C'est une pratique systématique et institutionnalisée. D'où la responsabilité aussi des politiques de l'époque.