Florence Beaugé, journaliste française et surtout auteur de l'ouvrage Algérie, une guerre sans gloire, a eu, hier, à Alger, des mots aussi vrais qu'a été barbare l'occupation de notre pays par la France. Invitée à l'occasion de la sortie algérienne de son livre aux éditions Chihab, Florence Beaugé, qui a mené en Algérie une enquête qui a duré cinq années sur la pratique de la torture par l'armée française, n'a pas eu de difficultés ni à revenir sur le passé de son pays, ni à prendre position sur l'actualité marquée par la visite du ministre des Affaires étrangères français, les 9 et 10 avril à Alger, et l'hospitalisation du président de la République à Paris. “J'ai honte des propos tenus par Douste-Blazy. Je trouve indécent, déplacé et déshonorant pour la France ce qu'a dit le ministre concernant l'hospitalisation du président algérien. C'est d'autant plus inacceptable que c'est en ministre qu'il s'est exprimé.” La recherche de vérité a mené la journaliste du Monde à recueillir les témoignages de ceux qui ont souffert de la question infligée par un certain lieutenant Maurice Schmitt, “le chef d'orchestre des tortures”, dans une salle de l'école Sarouy d'Alger : Hani Mohamed, membre de l'Organisation secrète (OS), Ali Moulaï et Saïd Bakel, deux responsables du FLN. À ces militants de la Libération nationale, à d'autres encore, la journaliste dit avoir perçu le sentiment du “pardon”, mais pas la volonté “d'oubli”. En outre, il est aussi question entre les deux pays d'un traité d'amitié qui prendrait en ligne de compte “oubli et pardon”. Un tel traité peut-il être envisagé sans repentir français ? À cette question, Florence Beaugé répondra que les Français “doivent beaucoup plus qu'un pardon aux Algériens. Pendant la colonisation, la France s'est comportée (en Algérie) pire que les nazis. Vous demander pardon serait peu…” SAMIR BENMMALEK