A l?occasion de la parution de son ouvrage, Algérie, une guerre sans gloire, aux éditions Chihab, Florence Beaugé, journaliste au journal Le Monde et spécialiste du Maghreb, a animé, mardi, au siège de la libraire Chihab, une rencontre autour de son livre. Dans cet ouvrage, «le lecteur va se retrouver plongé au c?ur de l?un des épisodes les plus douloureux que la France ait connus dans son histoire récente : la guerre d?Algérie». «Ce livre raconte les coulisses de la guerre d?Algérie. Il a nécessité cinq années d?investigation minutieuse», recueillant la parole des deux parties, celle des victimes et celle des bourreaux. Des témoignages bouleversants, notamment ceux de Louisette Ighilahriz qui raconte les sévices qu?elle a subis en 1957, ainsi que des rebondissements inattendus : la torture pendant la guerre d?Algérie n?est plus question de «bavures» mais de la reconnaissance d?un système. Plusieurs personnes sont mises en cause dans cette enquête, en particulier certains hauts responsables militaires de l?époque, comme Massu qui a exprimé cependant des regrets, ou comme Bigeard qui, lui, a nié en bloc, alors qu?Aussaresses a avoué, sans détour, tortures et exécutions sommaires. Quant à Le Pen, président du Front national, il voit son passé algérien le rattraper. Florence Beaugé a tenu à préciser toutefois qu?il n?est évidemment pas question «de jeter l?opprobre sur l?ensemble de l?armée français». L?objectif consiste, en tant que journaliste, à «relater des événements dont la trace demeure ineffaçable dans la mémoire de celles et ceux qui les ont vécus, qu?ils soient Algériens ou Français.» Ainsi, il n?est évidemment pas question de prendre parti, ni de juger ni de défendre. «Il ne s?agit pas non plus de régler des comptes ni d?inciter à la vengeance», a-t-elle souligné. Pour Florence Beaugé, le livre, qui est un travail, un devoir de mémoire, se veut un rapprochement, une réconciliation entre deux peuples. «Regarder en face le passé et l?assumer, ce n?est pas remuer la boue». Et répondre à une exigence de vérité exprimée en France et en Algérie, ce n?est pas chercher à rouvrir des cicatrices. C?est au contraire aider à panser les plaies et rapprocher deux peuples meurtris par le poids du silence. «Plus encore qu?au ??devoir de mémoire??, je crois, pour ma part, au devoir de vérité. Dire et reconnaître, pour tirer les leçons du passé.»