Une rétrospective sur la vie et la carrière du célèbre couturier français, Yves Saint-Laurent (1936-2008), est prévue à Oran, sa ville natale, à partir d'aujourd'hui 11 mai. Cet hommage, que lui rend l'antenne locale de l'Institut français à l'hôtel Le Méridien, sera marqué par un double événement : d'abord un défilé de mode qui mettra en scène les collections de quatre stylistes venus de Marseille pour Moustadira Adame et Caroline Hanny, de Paris pour Najib Alioua, d'Alger pour Faïza Antri Bouzar. En parallèle, une exposition de photographies retracera le riche parcours du styliste, ancien élève de l'Ecole des beaux-arts d'Oran. Les plus anciens clichés remontent aux années 1950, lorsqu'Yves Saint-Laurent était encore chez Dior, juste avant de fonder sa propre maison à l'aube des années 1960. Une série de photographies est consacrée à ses débuts, avec notamment la préparation de sa première collection et son premier défilé. Des instantanés pris en exclusivité par Pierre Boulat, entre décembre 1961 et janvier 1962. Ce même photographe le suivra dans ses séjours marocains, à Marrakech où, dans les années 1970, l'artiste aimait dessiner ses créations. Sa fille, Alexandra, prendra le relais pour immortaliser, en 2002, le dernier défilé, celui dont on dit qu'il a propulsé la femme dans la modernité, avec des pièces restées célèbres : caban, trench-coat, smoking, saharienne, etc. Il rendra l'âme en 2008 à Paris. Sa vie et sa carrière seront racontées, mercredi 15 mai, par son compagnon de route, Pierre Bergé, cofondateur de la maison Yves Saint- Laurent et actuel président de la fondation éponyme. «Cette fondation a pour objet de conserver tous les vêtements (plus de 5000 pièces), mais aussi tous les dessins et travaux qui se chiffrent à des dizaines de milliers qu'Yves Saint-Laurent a laissés derrière lui», a indiqué Pierre Bergé, intervenant par téléphone depuis Marrakech pour répondre aux questions de journalistes réunis au Méridien. «Cette fondation a aussi pour objet, ajoute-t-il, de continuer à promouvoir son œuvre dans le monde, à l'exemple de toutes ces expositions qui lui sont consacrées dans plusieurs capitales du monde, à Pékin, Sydney, Moscou, Montréal ou New York.» Egalement investie dans les actions caritatives (lutte contre le sida et autres), la fondation accueille et organise des expositions, comme celle qui est consacrée à l'art au Tibet et qui, selon lui, a eu un immense succès. Dans sa conférence, Pierre Bergé reviendra sans doute sur l'enfance de l'artiste. En réponse à une question voulant savoir si l'enfance oranaise a eu une influence sur sa carrière, Pierre Bergé déclare : « Je ne pense pas, mais ce que je peux dire, par contre, c'est que ce qui l'a séduit au Maroc c'est le fait de retrouver le ciel, la végétation, les arbres et le climat de son enfance.» Yves Saint-Laurent n'est jamais retourné en Algérie car, selon lui, avec le départ de ses parents en 1962, il n'avait plus aucune attache. «Il faut dire aussi que personne ne l'avait invité et si c'était le cas, comme aujourd'hui avec cet événement qui lui rend hommage, je suis sûr que non seulement il serait venu mais qu'il aurait été aussi très heureux. Avec l'Algérie c'est un rendez-vous manqué.» Un film, qui lui est consacré, sera projeté au même titre que trois documentaires de 52 minutes chacun et consacrés à 3 maisons et 3 créateurs pour animer ces Journées de la mode prévues à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 18 mai, et qui en sont à leur troisième édition. Le joaillier Mauboussin et TV5 Monde sont cités parmi les partenaires de cet événement créé pour établir des ponts entre les créateurs français et algériens.